(Actualisé avec précisions)

par Mai Nguyen et A. Ananthalakshmi

HANOI, 21 mai (Reuters) - Les pays membres du Partenariat transpacifique (TPP) se sont mis d'accord pour explorer des moyens de maintenir ce traité de libre-échange malgré la décision du président Donald Trump d'en retirer les Etats-Unis, ont déclaré dimanche des ministres des gouvernements néo-zélandais et mexicain.

Cette décision a été prise en marge du sommet de l'Apec (Forum de coopération économique Asie-Pacifique) qui se déroule à Hanoï, au Vietnam.

Les représentants des pays TPP se réuniront à nouveau au Japon en juillet et feront des propositions en novembre, a déclaré le ministre néo-zélandais du Commerce.

"Nous nous concentrons sur les moyens d'avancer à onze pays", a déclaré Todd McClay, à des journalistes. "Les pays vont soumettre des propositions en novembre prochain."

Le ministre mexicain de l'Economie, Ildefonso Guajardo, a fait écho à ces propos.

Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils ne comptaient pas revenir sur leur retrait du TPP et comptaient à la place conclure des accords commerciaux bilatéraux.

"Le TPP à 11 peut prendre ses propres décisions et les Etats-Unis prennent leurs décisions", a déclaré le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer.

"Mais nous pensons rester impliqués et je pense qu'à un certain stade il y aura une série d'accords bilatéraux avec des partenaires dans cette partie du monde", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Pour entrer en vigueur, le TPP doit être ratifié par au moins six pays représentant 8 du PIB des pays signataires à l'origine. A ce jour, seuls le Japon et la Nouvelle-Zélande l'ont fait.

L'une des difficultés est de convaincre le Vietnam et la Malaisie de maintenir leur participation, car les deux pays s'étaient engagés avant tout pour avoir accès au marché américain. Ils veulent maintenant renégocier certains points.

Le volume des échanges commerciaux entre les pays encore au TPP représente à peine le quart de ce qu'il aurait été si les Etats-Unis étaient restés dans le TPP.

ACCORDS BILATÉRAUX

La réunion d'Hanoï n'a pas permis non plus d'apaiser les craintes liées à la montée de la tendance protectionniste apparue sous la présidence Trump.

Les pays d'Asie et d'Océanie n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur leur communiqué commun habituel parce que les Etats-Unis se sont opposés à une formulation qui soutenait la liberté du commerce contre le protectionnisme, ont indiqué des responsables ayant participé à la réunion.

A la place, il y a une déclaration de la présidence vietnamienne de la réunion qui évoque "un engagement à promouvoir le commerce et la libéralisation de l'investissement" et qui mentionne la fois le libre-échange et la lutte contre le protectionnisme.

Le communiqué commun de l'Apec après la réunion ne mentionne pas de tels objectifs.

Des différends de ce genre ont été constatés lors des réunions au G7 et au G20 où les déclarations finales ont été atténuées pour tenir compte du nouveau programme américain.

Pour expliquer l'opposition des Etats-Unis à l'utilisation de l'expression lutte contre le protectionnisme, Robert Lighthizer a expliqué que ce terme pouvait être confondu avec les mesures véritablement nécessaires pour arriver à la liberté des échanges commerciaux.

"Nous voulons le libre-échange, nous voulons un commerce équitable, nous voulons un système qui permette une plus grande efficacité commerciale dans le monde entier", a déclaré le représentant américain au Commerce.

Signe de cette volonté de parvenir à des accords bilatéraux, Robert Lighthizer a tenu en marge de la réunion de l'Apec une série de réunions en tête-à-tête avec des pays estimés importants.

Face au revirement américain, la Chine veut se positionner en champion du libre-échange. Elle souhaite un accord de libre-échange qui englobe la majorité des pays asiatiques mais pas les Etats-Unis. L'accord qu'elle promeut s'appelle le Partenariat économique régional global (RCEP). (Avec My Pham; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)