Alors qu'Israël poursuit une campagne militaire qui devrait durer des mois, M. Abbas, le roi Abdallah de Jordanie et M. Abdel Fattah al-Sisi d'Égypte ont également réaffirmé leur rejet de tout projet visant à déplacer les Palestiniens de leurs terres, un risque qui, selon l'Égypte, s'est accru depuis que la guerre d'Israël contre le Hamas a poussé la plupart des habitants de Gaza vers le sud, en direction de la frontière égyptienne.

La Jordanie s'inquiète de l'instabilité croissante et des attaques de colons juifs contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée par Israël, avec laquelle elle partage une frontière.

La communauté internationale doit faire preuve d'une "attitude décisive" pour obtenir un cessez-le-feu immédiat à Gaza, selon un communiqué publié par le bureau de M. Sisi.

Les trois dirigeants ont confirmé "le rejet total de toute tentative de réoccupation de certaines parties de Gaza et la nécessité de permettre à ses habitants de rentrer chez eux", ajoute le communiqué.

Avant leur sommet à Aqaba, en Jordanie, M. Abbas a rencontré le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui effectue une tournée dans la région qui devrait s'achever en Égypte et qui fait pression sur les dirigeants israéliens pour qu'ils ouvrent la voie à un État palestinien.

"Les Arabes disent aux Américains que la priorité est désormais d'obtenir un cessez-le-feu et de pousser Israël à autoriser les Palestiniens à retourner dans le nord de la bande de Gaza et à réduire la surpopulation près de Rafah (ville du sud), ce qui inquiète à la fois les Égyptiens et les Jordaniens", a déclaré un responsable jordanien.

L'Autorité palestinienne, soutenue par l'Occident, exerce une autonomie limitée en Cisjordanie et a mené des pourparlers avec Israël sur un État palestinien avant qu'ils ne s'effondrent en 2014. Le Hamas islamiste dirige la bande de Gaza depuis 2007 et a juré la destruction d'Israël.

NÉGOCIATIONS SUR LES OTAGES

L'Égypte, ainsi que le Qatar, ont tenté séparément de servir de médiateurs entre Israël et le Hamas pour négocier un nouveau cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens capturés par le Hamas lors de son incursion surprise en Israël le 7 octobre.

Cette médiation a repris après une pause consécutive à l'assassinat, la semaine dernière, du chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri, à Beyrouth. Une délégation israélienne s'est rendue en Égypte mardi pour discuter de la possibilité d'un cessez-le-feu à long terme en échange de la libération des otages, ont indiqué deux sources sécuritaires égyptiennes.

Israël a tué plus de 23 000 Palestiniens à Gaza depuis qu'il a lancé sa campagne de destruction du Hamas, après que ses militants ont tué 1 200 Israéliens et pris 240 otages lors d'un raid transfrontalier le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a déclaré au début du mois qu'après la guerre à Gaza, Israël réserverait la liberté d'opération à son armée dans l'enclave, mais il a exclu un retour des colonies israéliennes retirées en 2005.

Le sommet d'Aqaba devrait également discuter du financement étranger nécessaire à la reconstruction du territoire dévasté et d'un mécanisme permettant d'élire des responsables chargés d'administrer la bande de Gaza dans les six mois suivant l'accord de cessez-le-feu, ont indiqué les sources de sécurité égyptiennes.

L'Égypte et la Jordanie ont déclaré que les destins de Gaza et de la Cisjordanie ne devraient pas être séparés, car ils devraient constituer la base d'un futur État palestinien - une position reprise dans les déclarations à l'issue du sommet.

Les frappes israéliennes dans le sud et le centre de la bande de Gaza se sont intensifiées mercredi, malgré la promesse d'Israël de retirer certaines troupes et de passer à une campagne plus ciblée, et malgré l'appel des États-Unis à réduire le nombre de victimes civiles.

Selon les Nations unies, plus d'un million des 2,3 millions d'habitants de Gaza sont entassés dans la zone de Rafah dans des conditions de surpopulation extrême. L'ONU estime à 1,9 million le nombre de personnes déplacées dans l'ensemble de l'enclave côtière.