par Tom Heneghan

30 avril (Reuters) - Une grande majorité des musulmans dans le monde est favorable à la charia (loi islamique), mais sont divisés sur ce qu'elle doit contenir et ceux auxquels elle doit s'appliquer, indique mardi une étude du Pew forum, un centre de recherche américain sur la vie religieuse.

Les attentats à la bombe sont largement condamnés mais sont toutefois approuvés à 40% dans les territoires palestiniens, à 39% en Afghanistan, à 29% en Egypte et à 26% au Bangladesh.

Les trois-quarts des 38.000 musulmans interrogés dans 39 pays jugent l'avortement moralement condamnable, tandis que 80% rejettent l'homosexualité et les relations sexuelles hors mariage.

Plus des 75% des musulmans au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Asie du sud et en Asie du sud-est estiment que les tribunaux islamiques devraient être compétents dans les jugements concernant la famille et la propriété.

Les avis sont beaucoup plus partagés pour les châtiments corporels, tels une main coupée pour un vol ou la mort pour les apostats. Les trois-quarts des musulmans d'Asie y sont toutefois favorables.

"Les musulmans ne sont pas à l'aise avec tous les aspects de la charia. La plupart pensent qu'elle ne doit pas s'appliquer aux non-musulmans", soulignent les auteurs de l'étude.

Contrairement aux lois occidentales, précisément codifiées, la charia est une compilation de préceptes fixés de façon très souple à partir du Coran, des enseignements de Mahomet et de traditions religieuses.

ÉGALITÉ ET JUSTICE SOCIALE

Amaney Jamal, une universitaire de Princeton ayant travaillé comme conseillère sur ce projet, précise que les musulmans vivant dans des pays pauvres et à régime autoritaire ont tendance à lier les valeurs fondamentales de la charia à l'égalité et la justice sociale.

Quatre musulmans sur cinq estiment que les non-musulmans vivant dans leur pays doivent pouvoir pratiquer librement leur religion. Une position particulièrement populaire en Asie, chez 97% des personnes interrogées au Bangladesh et 96% au Pakistan, mais moins au Proche-Orient (77% en Egypte).

Les minorités chrétiennes dans plusieurs pays musulmans se plaignent d'être victimes de discrimination, d'intimidation et d'agressions physiques.

Les disparités d'opinion sont particulièrement nettes sur la question du statut des femmes.

En Tunisie, 89% des sondés jugent que c'est à la femme de décider si elle doit ou non porter un foulard ; ils sont 79% en Indonésie, le premier pays musulman au monde par sa population.

Le pourcentage tombe à 45% en Irak et 30% en Afghanistan.

Le consensus est plus grand sur le fait que la femme doit obéir à son mari: de 74% au Liban à 96% en Malaisie.

Sur le plan politique, la démocratie a 54% d'adeptes en Irak, 55% en Egypte, 81% au Liban et 75% en Tunisie, mais seulement 29% au Pakistan. (Pascal Liétout pour le service français)