Cette nouvelle catégorie de molécules est susceptible de réduire le coût du traitement de certains cancers ou de la polyarthrite rhumatoïde tout comme les génériques ont réduit le prix de médicaments plus traditionnels.

Mais même si l'Europe a approuvé le premier de ces biosimilaires dès 2006, l'émergence de ces traitements reste très lente.

Les dirigeants des laboratoires spécialisés expliquent que le développement de ces médicaments s'est heurté à certains obstacles. De leur côté, des responsables d'organismes d'assurance maladie ne cachent pas leur frustration et cherchent à favoriser le recours aux biosimilaires.

La Norvège espère ainsi donner un coup de fouet à ces produits en finançant dès l'an prochain des études visant à mesurer l'efficacité d'un changement de traitement, un biosimilaire remplaçant le médicament originel.

"D'après tous les éléments disponibles à ce jour, je ne pense pas qu'il y ait le moindre problème mais les médecins ont tendance à se montrer réticents", explique Steinar Madsen, directeur médical de l'Agence norvégienne du médicament.

Les études prévues l'an prochain compareront le Remicade, un traitement de la polyarthrite rhumatoïde développé par Johnson & Johnson et Merck & Co, avec l'Inflectra, un biosimilaire élaboré par l'américain Hospira et le sud-coréen Celltrion

L'Inflectra a obtenu en septembre le feu vert des autorités européennes et est en cours de lancement en Norvège, au Portugal, en Irlande, en Finlande et en Europe orientale.

UN GISEMENT DE PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIARDS

Les résultats de l'étude norvégienne seront suivis de près dans toute l'Europe et pour cause: les "biomédicaments" injectables figurent parmi les plus chers au monde et leur usage croît rapidement. La facture annuelle d'un tel traitement peut atteindre des dizaines voire des centaines de milliers d'euros par an et par patient.

Mais la création de copies de ces protéines ou de ces anticorps est compliquée car elle implique l'utilisation d'organismes vivants, ce qui rend les résultats moins prévisibles. Les copies ainsi produites sont donc "similaires" et non identiques à la version originale.

En théorie, l'utilisation des biosimilaires pourrait générer des économies de 33,4 milliards d'euros d'ici 2020 en Europe, selon une étude publiée l'an dernier par des chercheurs de l'institut allemand IGES, spécialisé dans la santé.

En pratique, ces économies risquent d'être plus limitées et plus lentes en raison de la prudence des médecins, du petit nombre de producteurs de biosimilaires et d'un écart de prix relativement faible, de l'ordre de 20 à 30%. Les prix des génériques des médicaments traditionnels, eux, sont souvent inférieurs de 90% à ceux des molécules originales.

Le cabinet d'études IMS Health estime que le marché des biosimilaires pourrait atteindre 11 à 25 milliards de dollars d'ici 2020, soit 4 à 10% du marché global des biomédicaments.

Pour l'instant, les biosimilaires représentent moins de 0,5% des dépenses de biomédicaments des pays développés.

L'un des obstacles auxquels se heurtent les laboratoires est la difficulté de trouver suffisamment de patients pour les essais cliniques nécessaires à l'obtention des homologations nécessaires.

Ces essais peuvent porter le coût de la mise sur le marché entre 100 et 200 millions de dollars, contre moins de cinq millions pour un médicament chimique traditionnel, explique Paul Greenland, vice-président d'Hospira.

Un prix qui limite le nombre d'acteurs de ce segment, parmi lesquels figurent, outre Hospira, Sandoz (filiale de génériques de Novartis) et Teva.

Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Ben Hirschler