(Actualisé avec officialisation Pentagone §§1-2 §6)

par David Alexander et Phil Stewart

WASHINGTON, 24 janvier (Reuters) - Le département de la Défense des Etats-Unis a mis fin jeudi à l'interdiction faite aux femmes militaires de combattre sur les lignes de front, ce qui pourrait leur ouvrir pour la première fois des milliers de postes de combattantes.

"L'objectif du Pentagone, en abrogeant cette règle, c'est d'assurer que la mission soit accomplie par la personne la mieux qualifiée et la plus capable, quel que soit son sexe", a déclaré dans un communiqué Leon Panetta, secrétaire à la Défense.

Cette mesure fait tomber une nouvelle barrière sociétale au sein de l'armée américaine deux ans après la suppression de la directive "Don't ask, don't tell" obligeant les gays ou lesbiennes à cacher leur homosexualité pour servir sous les drapeaux.

L'interdiction concernant les femmes au combat, en vigueur depuis 1994, sera abrogée d'ici à 2016.

Les différentes armes auront jusqu'au 15 mai pour détailler auprès du Pentagone leur manière de procéder à la mise en oeuvre de la décision, des exemptions pouvant être accordées.

Le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney, a rapporté que le président Barack Obama soutenait "sans réserve cette mesure destinée à donner plus d'opportunités aux femmes".

Depuis le début de l'intervention américaine pour reprendre Kaboul aux taliban en 2001, les femmes ont représenté 2% des victimes des guerres d'Afghanistan et d'Irak et environ 12% - soit 300.000 - des effectifs déployés dans ces conflits où les lignes de front ne sont pas clairement définies face à un adversaire appliquant une tactique de guérilla.

"ETAPE HISTORIQUE"

Sur cette période, 84 d'entre elles ont été tuées dans des actions hostiles, selon les chiffres du Pentagone et les calculs de Reuters.

"C'est une étape historique pour l'égalité et la reconnaissance du rôle que les femmes jouent et continueront à jouer", a déclaré la sénatrice démocrate Patty Murray, présidente sortante de la commission sénatoriale des Anciens combattants, avant que la décision ne soit officialisée.

Son collègue démocrate du Michigan, Carl Levin, président de la commission des Forces armées, a salué la décision de Leon Panetta qui reflète, selon lui, "la réalité des opérations militaires au XXIe siècle", où les lignes de front sont de plus en plus fluctuantes.

Anu Bhagwati, une ancienne capitaine des "marines" qui a décidé de quitter ce corps d'élite de l'armée en 2004 en partie parce qu'elle ne pouvait pas combattre, s'est également réjouie de la décision.

"Je connais un nombre considérable de femmes dont les carrières ont été freinées par cette exclusion", a-t-elle dit, parlant d'un "moment historique".

Il y a près d'un an, le Pentagone avait annoncé l'ouverture de 14.000 nouveaux postes aux femmes dans l'armée, mais celles-ci avaient toujours interdiction de servir dans les unités de l'infanterie, des blindés ou des forces spéciales destinées à participer aux combats en première ligne. (Danielle Rouquié, Jean-Stéphane Brosse et Julien Dury pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet)