Zurich (awp) - Face au manque de main d'oeuvre, les entreprises sont obligées de revoir les qualifications exigées à la baisse afin de pourvoir les postes vacants. Cette pénurie concerne tous les secteurs d'activité en Suisse, selon un sondage réalisé par UBS. Les répercussions pour les salariés, les entreprises et l'économie helvétique risquent à terme d'être lourdes.

"Dans plus de la moitié des cas, les entreprises ont du mal à pourvoir les postes vacants ou ne sont pas du tout en mesure de les pourvoir", a averti la banque aux trois clés, qui a sondé en mars avec l'institut d'étude de marché Intervista 2500 sociétés dans la Confédération.

D'après l'enquête de la banque, "les entreprises parviennent à recruter facilement seulement pour les postes n'exigeant aucune qualification particulière", 40% des sondés déclarant pourvoir ces postes sans difficulté. Elles sont 30% à rencontrer des problèmes à recruter ou à ne pas être en mesure de trouver les effectifs recherchés.

Cette pénurie, constatée depuis plusieurs années, concerne toutes les branches, mais la construction et la restauration sont les secteurs les plus touchés par cette situation. Dans la restauration, près de la moitié des personnes interrogées déclarent avoir des difficultés à pourvoir les postes n'exigeant aucune qualification particulière. Pour l'artisanat, la pénurie touche particulièrement l'industrie et la construction.

Situation "alarmante"

"Ce résultat du sondage devrait alarmer", ont lancé les économistes d'UBS. Selon ces derniers, "si la pénurie de main-d'oeuvre se poursuit, la surcharge de travail pour les employés peut engendrer des coûts considérables pour la main-d'oeuvre elle-même, les entreprises et toute l'économie suisse".

La situation de pénurie risque en effet d'affecter les capacités psychiques et physiques des employés, ce qui pourrait par ricochet handicaper la capacité d'innovation des entreprises.

D'après les entreprises interrogées, la pénurie de main d'oeuvre devrait continuer à s'aggraver, environ 40% des PME prévoyant une aggravation du problème dans les cinq à dix prochaines années. Seules 16% pensent que la situation va s'améliorer. Au niveau des grandes entreprises, 53% se préparent à une péjoration.

Pour remédier à ce problème, près de la moitié des entreprises souhaitent garder plus longtemps leurs employés après l'âge de la retraite et 37% des sondés veulent permettre à leurs salariés d'augmenter leur temps de travail. Le recours à du personnel venant de l'étranger n'est évoqué que par une minorité des sociétés interrogées (15%).

La numérisation et la robotique sont également envisagées pour remédier à cette pénurie, autant par les grandes entreprises que par les PME.

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