Au moins trois démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis s'apprêtent à signer une lettre de protestation contre un projet visant à accélérer l'approbation officielle par le parti de la candidature à la réélection du président Joe Biden, ont indiqué les bureaux des législateurs mardi.

Ces démocrates protestent contre la décision du parti d'organiser un vote par appel nominal virtuel sur la nomination de Joe Biden dès le 21 juillet, au lieu d'attendre la convention nationale du parti démocrate qui se tiendra du 19 au 22 août à Chicago.

Les représentants démocrates Susan Wild, Mike Quigley et Jared Huffman ont l'intention de signer la lettre, ont déclaré les représentants de chacun d'entre eux lorsqu'ils ont été contactés par Reuters.

"Etouffer le débat et bloquer prématurément tout changement possible dans le ticket démocrate par le biais d'un 'appel nominal virtuel' inutile et sans précédent dans les jours à venir est une idée terrible", indique une copie du projet de lettre vue par Reuters. "Cela pourrait profondément saper le moral et l'unité des démocrates.

Cette initiative est distincte de celle des 19 démocrates du Congrès qui ont demandé à Joe Biden, 81 ans, de mettre fin à sa campagne après une prestation médiocre lors du débat du 27 juin contre l'adversaire républicain Donald Trump, mais elle témoigne de l'agitation persistante au sein du parti du président sortant à propos de sa campagne.

Le représentant américain Adam Schiff, un démocrate californien candidat au Sénat de son État, qui ne faisait pas partie des 19, a averti les donateurs lors d'une réunion privée que son parti subirait probablement des pertes importantes si Joe Biden poursuivait sa campagne de réélection, a rapporté le New York Times mardi. Un porte-parole de la campagne de M. Schiff s'est refusé à tout commentaire.

Le débat du mois dernier a suscité des inquiétudes au sein du parti quant à la capacité de M. Biden à battre M. Trump et à son aptitude à occuper ce poste à haute pression pendant quatre années supplémentaires.

Trente-neuf pour cent des démocrates interrogés dans le cadre d'un sondage Reuters/Ipsos réalisé mardi ont déclaré qu'ils pensaient que M. Biden devrait mettre un terme à sa course à la Maison Blanche, un chiffre légèrement plus élevé que les 32 % qui ont déclaré la même chose dans un sondage Reuters/Ipsos réalisé quelques jours après le débat.

La lettre n'a pas encore été envoyée au DNC et a été largement diffusée parmi les démocrates de la Chambre des représentants, selon des sources du Congrès.

Les démocrates craignent qu'une mauvaise performance de M. Biden lors des élections du 5 novembre puisse coûter à leur parti non seulement le contrôle de la Maison Blanche mais aussi des deux chambres du Congrès, ouvrant ainsi la voie à une deuxième administration Trump qui serait en mesure de poursuivre ses objectifs politiques sans presque aucune opposition démocrate.

Les républicains ont suivi la procédure habituelle de leur parti en désignant officiellement M. Trump lors de leur convention qui s'est tenue lundi à Milwaukee.

Il a été spéculé que si M. Biden abandonnait sa campagne de réélection, le Parti démocrate pourrait se rallier à la vice-présidente Kamala Harris en tant que candidate à la présidence.

Certains démocrates pourraient toutefois insister sur un processus plus ouvert qui permettrait à d'autres candidats potentiels de se disputer l'investiture, moins de trois mois avant les élections générales.

D'aucuns se sont inquiétés du fait que la convention démocrate du mois d'août, qui doit couronner un candidat, arrive trop tard pour que ce dernier puisse figurer sur le bulletin de vote de l'Ohio.

La lettre adressée au DNC fait valoir que l'Ohio a adopté une législation qui annule cet obstacle, rendant ainsi inutile le vote par appel nominal virtuel de juillet.