Cet assouplissement des conditions du plan de sauvetage doit toutefois être lié au respect par Athènes de ses engagements en matière de réformes budgétaires, a précisé Charles Dallara, directeur général de l'Institut de la finance internationale (Ifi), lors d'une conférence de presse à Pékin.

"Une fois que cela sera fait, et je suis confiant dans le fait que ce sera le cas, l'Union européenne et le FMI devraient rapidement allonger la période d'ajustement d'au moins deux ans et accorder une petite tranche d'aide supplémentaire pour que cet allongement soit efficace", a-t-il dit.

"Il n'y a besoin que de 15 à 20 milliards d'euros. Cela peut être facilement obtenu en réduisant les taux d'intérêt des prêts accordés à la Grèce par l'UE et le FMI", a ajouté le directeur de l'Ifi, qui représente les détenteurs d'obligations grecques du secteur privé.

"L'accent a trop été mis sur l'austérité à court terme et pas assez sur les mesures de moyen terme pour renforcer la compétitivité", a encore estimé Charles Dallara.

Le Premier ministre grec Antonis Samaras, dont le pays est en récession pour la cinquième année consécutive, a demandé à ses créanciers de lui accorder deux années supplémentaires pour mener à bien les douloureuses réformes imposées à Athènes en contrepartie de l'aide.

L'espoir né en Grèce au sujet d'un possible aménagement a été renforcé par le délai accordé vendredi au Portugal, autre bénéficiaire d'un plan de sauvetage frappé de plein fouet par la récession. Lisbonne a désormais jusqu'en 2014, au lieu de 2013, pour ramener son déficit budgétaire à 3%.

RÉCESSION DE 25% EN 2014

La situation de la Grèce est encore plus critique. Le ministre grec des Finances a annoncé mardi que le déficit primaire allait être plus important que prévu cette année en raison de l'aggravation de la récession, "de l'ordre de 20% (et qui) devrait atteindre 25% d'ici 2014".

Yannis Stournaras a toutefois assuré qu'Athènes respecterait les objectifs fixés par les créanciers internationaux en termes nominaux, à défaut de pouvoir le faire cette année en part du produit intérieur brut (PIB).

Petite note d'espoir pour le gouvernement: la Grèce a dégagé un excédent des comptes courants en juillet, pour la première fois depuis deux ans.

Cet excédent de 642 millions d'euros, contre un déficit de 880 millions le mois précédent, a notamment été permis par une baisse du déficit commercial et une hausse des recettes des transporteurs, a précisé mardi la Banque de Grèce.

Les inspecteurs de la troïka - Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI - doivent rendre leur rapport sur les réformes en octobre, avant un éventuel déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 32 milliards d'euros.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a estimé vendredi en marge de la réunion de l'Eurogroupe à Nicosie que les créanciers devraient étudier une prolongation du délai octroyé à Athènes.

La ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, tenante d'une ligne dure envers la Grèce, a déclaré de son côté dimanche dans la presse qu'un sursis "de quelques semaines" pourrait être accordé à Athènes, tout en excluant un report de deux ans et toute aide supplémentaire.

Avec Harry Papachristou à Athènes, Tangi Salaün pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

par Nick Edwards