(Actualisé avec sources, contexte)

PARIS/FRANCFORT, 16 mai (Reuters) - Une vingtaine de grandes banques européennes vont discuter d'un projet visant à réduire la position dominante des trois grandes agences de notation, apprend-on de sources proches du dossier.

Le sujet doit être abordé parmi d'autres lors d'une réunion ce mercredi à Francfort des directeurs financiers des principales banques européennes, précisent-elles.

Certaines banques souhaitent accroître la transparence des trois grandes agences - Standard & Poor's, Moody's et Fitch - afin de faciliter l'arrivée de nouveaux entrants, expliquent les sources, confirmant des informations d'abord rapportées par le Financial Times.

Les agences ont été critiquées pour leur rôle dans la crise financière de 2007-2009, lorsqu'elles avaient donné les meilleures notes possibles à des outils de crédit qui se sont finalement révélés toxiques.

"Elles ont mal évalué la situation, ont été très longues à la détente, et cela pourrait être dû au fait qu'elles sont payées par les émetteurs (de crédit)", explique une source bancaire.

"Je pense que l'on verrait des abaissements de notes beaucoup plus rapidement s'il revenait aux investisseurs de payer pour les notations", ajoute la source.

Aucune des trois principales agences de notation n'était joignable dans l'immédiat pour faire de commentaire.

L'Autorité européenne des marchés (Esma) a appelé en mars les trois grandes agences de notation à faire preuve de plus de transparence dans leurs méthodes de notation. (voir )

L'Union européenne est actuellement en train d'examiner une nouvelle réglementation sur le sujet, la troisième en trois ans, qui comprendrait notamment l'obligation pour les utilisateurs de se tourner vers une autre agence après un certain nombre d'années, ce afin d'encourager la concurrence.

Mais les entreprises qui utilisent ces notations ont milité activement pour échapper à cette rotation forcée car elles notent qu'il n'existe pas suffisamment d'agences reconnues au niveau international et identifiables par les investisseurs.

"S&P, Moody's et Fitch ont accès à toutes les informations sensibles, obtiennent des revues d'audit et des détails sur les prêts, les valorisations d'actifs", souligne la source bancaire, ajoutant que les nouveaux venus sur le secteur pourraient ne pas en obtenir autant dès leur arrivée sur le marché.

Un député européen a déjà proposé un amendement au projet de réglementation en cours, qui contraindrait les agences de notation à n'utiliser que des informations accessibles au public, afin d'accroître les chances des plus petites structures de se faire une place.

La création d'une agence de notation européenne revient par ailleurs régulièrement sur la table. D'après Roland Berger Strategy Consultants, l'un de ses défenseurs, cette option a le soutien des établissements financiers européens. (Arno Schütze, Huw Jones et Kathrin Jones, Alexandre Boksenbaum-Granier et Natalie Huet pour le service français, édité par Nicolas Delame)