* Les Grünen veulent revenir au pouvoir en septembre

* Ils veulent alourdir la fiscalité des hauts revenus

* Il s'agit de gagner des voix sur leur gauche

* L'aile dure du parti l'emporte sur les pragmatiques

par Erik Kirschbaum

BERLIN, 28 avril (Reuters) - Les Verts allemands, réunis en congrès ce week-end à Berlin, ont mis la barre à gauche en prévision des législatives du 22 septembre en s'engageant à augmenter la fiscalité des hauts revenus, au grand dam des pragmatiques du parti.

Malgré les mises en garde du Ministre-président du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann - les Verts sont au pouvoir dans ce Land depuis 2011 - les 800 délégués se sont prononcés en faveur d'une révision de la fiscalité des revenus et du patrimoine.

S'ils reviennent au pouvoir à l'automne, les Grünen se sont engagés à faire passer le taux de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu de 42% à 49% et à instaurer un impôt de 1,5% sur les patrimoines supérieurs à un million d'euros.

Claque pour l'aile "réaliste" du parti, les délégués n'ont pas hésité à huer un de leurs dirigeants les plus respectés, le maire de Tübingen Boris Palmer, quand celui-ci a estimé que l'alourdissement de la fiscalité n'était pas équilibré.

Pour la majorité des Verts, ce virage à gauche est de nature à accroître leurs chances de revenir au pouvoir après huit années passées dans l'opposition. Les Verts ont dirigé l'Allemagne avec les sociaux-démocrates du SPD de 1998 à 2005.

"C'est marquant pour moi la façon dont les Verts dérivent vers la gauche et comme ils ont donné un coup de pied dans les tibias de certains de leurs dirigeants qui réussissent le mieux", commente Thomas Jäger, professeur de Sciences politiques à l'université de Cologne. "L'aile de la gauche dure, fondamentaliste, du parti a réalisé un énorme succès au congrès du parti."

Pour le professeur Jäger, le virage à gauche des Verts est sans doute essentiel pour assurer leur retour au pouvoir avec le SPD, qui est leur partenaire préféré.

DERNIÈRE CHANCE

Dans les sondages, les Sociaux-démocrates sont crédités de 28% des intentions de vote et les Verts de 14%, ce qui constitue un total de 42% pour le centre gauche, alors que la CDU-CSU conservatrice d'Angela Merkel et ses alliés libéraux-démocrates du FDP font la course en tête avec 44%.

Comme il semble que ni la droite ni la gauche n'obtiendront la majorité, les analystes s'attendent à ce qu'Angela Merkel soit amenée à constituer un gouvernement d'union nationale, comme en Italie.

"Les Verts réalisent que s'ils ne virent pas à gauche, l'Allemagne finira avec une nouvelle "grande coalition". Mais s'ils vont vers la gauche et gagnent de nouveaux électeurs, ils pourraient obtenir suffisamment", commente le professeur Jäger.

"Pour toute une génération de dirigeants Verts, il s'agit de leur dernière chance de revenir au pouvoir et de devenir ministre. Et ça, ils en ont très envie", ajoute-t-il.

Les deux présidents des Verts, Claudia Roth et Jürgen Trittin, qui fut ministre de l'Environnement, sont respectivement âgés de 57 et 58 ans. Renate Künast, ancienne ministre de la Consommation, a 57 ans.

Le trio a mis tout son poids pour tirer le parti vers la gauche malgré l'avis contraire de Winfried Kretschmann et de Boris Palmer.

"Le SPD est le seul partenaire de coalition qui nous aidera à rendre l'Allemagne plus verte", a assuré Jürgen Trittin.

"Nous ne formerons pas de coalition avec une bande de corrompus", a-t-il ajouté, en faisant allusion aux affaires de fraude fiscale et de corruption autour de la CSU ces dernières semaines.

Pourtant, selon un sondage de l'institut Forsa publié mercredi, une majorité d'électeurs écologistes allemands se disent prêts à une alliance avec la CDU d'Angela Merkel si les élections législatives de septembre en ouvrent la possibilité. (voir ) (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Pascal Liétout)