Genève (awp) - Les Suisses resteraient de moins en moins les bras croisés en matière de prévoyance et s'impliqueraient pour améliorer leur situation financière en prévision de la retraite. Dans une étude, Credit Suisse constate le regain d'intérêt pour les solutions de 3e pilier depuis la pandémie, une tendance moins marquée chez les femmes.

A en croire le numéro deux bancaire helvétique, les futurs retraités auraient pris conscience de l'importance de l'effort individuel dans l'optique du maintien du niveau de vie. En 2019, une majorité (53%) des actifs résidant en Suisse effectuaient régulièrement des versements au troisième pilier (3a), selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique repris mardi par la grande banque.

Cette tendance ne s'est pas tassée lors de la crise sanitaire, malgré la récession causée par le Covid-19, précise Credit Suisse. Le volume des fonds de prévoyance 3a "classiques" - c'est-à-dire rémunérés - a continué à croître en 2020, même si leur progression s'est révélé minime (+0,4%) en raison de la faiblesse des taux d'intérêts.

Les solutions en titres 3a ont elles réalisé un bond de 17% à la faveur de la performance des marchés financiers il y a deux ans mais également d'un engouement pour ce genre d'offre, assure la banque aux deux voiles, qui évoque un taux de pénétration de 30% pour ce genre de produit. En 2013, la part s'élevait à 20%.

Colmater les trous de cotisation

Les actifs souhaitant investir leurs avoirs de prévoyance en actions sont plutôt jeunes. Il existerait également une différence entre hommes et femmes, ces dernières optant majoritairement pour des solutions moins risquées, donc classiques. Les offres d'acteurs purement numériques ont le vent en poupe, mais leur part de marché est actuellement anecdotique (1,6%).

Les rachats dans la caisse de pension constituent l'autre tendance identifiée par Credit Suisse. Ces transactions - versements uniques inclus - ont représenté un volume de 6,8 milliards de francs suisses en 2020, soit deux tiers de plus qu'en 2010, précise le communiqué. Pour la grande banque, les raisons sont à chercher du côté des performances des marchés financiers ces dernières années, mais également des défis structurels auxquels fait face le système de prévoyance.

Ces rachats seraient effectués principalement par des personnes entre 45 et 60 ans aux revenus élevés, selon les données publiées mardi. Près de 72% de ces opérations ont été réalisées de manière échelonnée, un mécanisme qui offre des avantages fiscaux. Des bonus ou des revenus exceptionnels ont généralement permis de financer ces "rattrapages" de cotisations, souligne le communiqué.

De moins en moins d'assurés optent pour les rentes, les retraits en capital ayant les faveurs de la cote depuis quelques années. Selon des chiffres provisoires pour 2020, 54% des nouveaux bénéficiaires ont perçu au moins une partie sous forme de capital, dont 34% uniquement du capital et 20% une combinaison de rente et de capital, précise le numéro un bancaire helvétique. Moins de la moitié des assurés - soit 46% - ne perçoivent qu'une rente.

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