Les Pays-Bas ont déclaré lundi qu'ils allaient activer la phase d'"alerte précoce" d'un plan de crise énergétique et ont levé un plafond sur la production des centrales électriques au charbon, alors qu'ils cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe dans le sillage de la guerre en Ukraine.

Le conflit en Ukraine a poussé plusieurs pays européens à chercher des alternatives au pétrole et au gaz russes. Les Pays-Bas, qui importaient jusqu'à 15 % de leur gaz de Russie, achètent déjà du GNL et réduisent leur consommation de gaz, mais risquent tout de même d'être confrontés à une pénurie cet hiver.

"Grâce à ces mesures, moins d'argent ira dans le trésor de guerre de Poutine", a déclaré le ministre néerlandais de l'énergie, Rob Jetten, lors d'une conférence de presse à La Haye pour annoncer les démarches.

Le ministère allemand de l'économie a pris des mesures similaires pour lever les plafonds de production d'énergie à base de charbon.

La suppression du plafonnement de la production d'énergie au charbon par les Pays-Bas devrait permettre d'économiser 2 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz par an.

Le pays avait plafonné la production à 35 % de la capacité de ses centrales au charbon pour limiter les émissions de dioxyde de carbone. M. Jetten a déclaré que les Pays-Bas atteindraient quand même les objectifs climatiques de 2030.

Le gouvernement néerlandais a également annoncé qu'il prévoyait de produire 2,8 milliards de bcm de gaz à partir du champ gazier de Groningue au cours de l'année se terminant en octobre 2023.

Il s'agit d'une baisse par rapport aux 4,5 milliards de m3 de l'année de production actuelle, mais le gouvernement avait précédemment indiqué une production proche de zéro à partir de Groningue en 2023.

Les Pays-Bas réduisent la production du champ depuis des années en raison des tremblements de terre qu'il déclenche, mais ils ont laissé ouverte la possibilité d'augmenter la production si les ménages étaient confrontés à une pénurie physique.

La phase "d'alerte précoce" du plan de crise en trois phases du pays, avertit les utilisateurs, les régulateurs et les gouvernements d'une menace concrète de pénurie de gaz. Le plan comprend également des phases "d'alarme" et "d'urgence", bien que l'on ne sache toujours pas comment le gaz des utilisateurs industriels serait rationné en cas de pénurie physique.

À la date de lundi, les installations de stockage de gaz néerlandaises étaient remplies à environ 48 %. Le gouvernement a annoncé une subvention en mai pour encourager les entreprises privées à remplir un stockage clé à Bergermeer. Ses réserves se sont remplies de plusieurs points de pourcentage par semaine, mais pas assez rapidement pour atteindre l'objectif de les remplir à 80 % avant l'hiver. (Reportage de Toby Sterling et Anthony Deutsch ; édition de David Evans, Alison Williams et Jane Merriman)