TUNIS/TRIPOLI, 16 décembre (Reuters) - La plus grande confusion régnait jeudi en Libye à huit jours de la date retenue pour organiser des élections présidentielle et législatives, qu'un responsable de la commission électorale a jugé impossible de tenir dans les délais bien que les scrutins n'aient pas encore été officiellement reportés.

Les Nations unies espéraient que les élections programmées le 24 décembre permettraient à la Libye de tourner la page d'une décennie de chaos et de division territoriale entre l'ouest et l'est du pays depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

Mais le processus a été plombé dès le départ par de profonds désaccords jamais résolus sur la légitimité et les règles du scrutin comme sur l'éligibilité des principaux candidats.

Dans ce contexte, et compte tenu de la situation sécuritaire dégradée, un responsable de la commission électorale a déclaré jeudi à la chaîne Al Jazira que le vote ne pourrait pas avoir lieu dans une semaine.

Dans leur immense majorité, les Libyens auxquels Reuters a parlé jeudi ne croient pas eux-mêmes à la tenue des scrutins dans les délais impartis, malgré le souhait des Nations unies et des grandes puissances de les voir se dérouler.

L'organisation d'élections semble pourtant bénéficier d'un large soutien populaire, de nombreux Libyens ayant retiré ces dernières semaines leurs cartes d'électeur, ou ayant déposé leur candidature aux législatives.

Mais les querelles sans fin entre le gouvernement de Tripoli et les partisans du maréchal Khalifa Haftar, basé à Benghazi, chacun accusant l'autre de vouloir détourner le processus électoral à son profit, ont figé la situation, même si aucun des deux camps ne semble vouloir prendre la responsabilité de demander ouvertement un report du scrutin.

(Reportage d'Angus McDowall à Tunis, Ahmed Elumami à Tripoli et Ayman al-Warfali à Benghazi, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)