Une forte baisse des cours du brut a plus particulièrement pesé sur les valeurs énergétiques.

Les traders ont également évoqué des sources proches de la Banque centrale européenne selon lesquelles des membres de la BCE envisagent d'interpeller mercredi le président de l'institut d'émission, Mario Draghi, sur son style de management et sa communication.

Les banquiers centraux, qui devraient demander à Mario Draghi d'agir de manière plus collégiale, lui reprochent en particulier d'avoir fixé un objectif pour le bilan de la BCE tout de suite après une réunion ayant explicitement indiqué qu'il ne fallait pas rendre de chiffres publics, selon ces sources.

Wall Street est également en territoire négatif à la mi-séance, entraînée elle aussi par les valeurs énergétiques. Des statistiques sans grand relief contribuent également à persuader les investisseurs américain de marquer une pause après le "rally" de la semaine passée.

Pour ce qui concerne l'Europe, l'économie de la zone euro restera à la peine une année de plus, estime l'exécutif européen, lequel a abaissé ses prévisions de croissance et d'inflation 2014 et 2015 pour la région, le report de la reprise résultant principalement de la dégradation de la situation de la France et de l'Italie.

À Paris, le CAC 40 a perdu 1,52% (63,84 points) à 4.130,19 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,52% et le Dax allemand 0,92%. Les indices européens EuroStoxx 50 et FTSEurofirst 300 ont abandonné respectivement 1,56% et 1%.

"Une nouvelle année de croissance en dessous de la moyenne l'an prochain, voilà qui ne va pas plaire aux marchés parce que les investisseurs parient sur un redressement des résultats des entreprises et ça risque de tomber à l'eau dans un tel contexte", explique Gerhard Schwarz (Baader Bank).

De fait, les résultats de sociétés ont été un élément de soutien du marché ces derniers temps. A mi-chemin de la "saison" des résultats en Europe, 65% des sociétés ont atteint ou battu le consensus, la proportion étant de 57% lorsqu'on parle du chiffre d'affaires, selon des données de Thomson Reuters StarMine.

En termes absolus, les bénéfices sont en hausse de 12,2% et les C.A. en baisse de 0,7%, soulignant le fait que la progression des profits en Europe tient surtout à des réductions de coûts et à une abaissement des coûts de financement.

"Des perspectives de croissance amoindries sont un élément négatif pour le marché mais elles augmentent vraiment la probabilité d'un nouvel assouplissement monétaire dans la zone euro", tempère Robert Parkets (HSBC).

L'indice Stoxx 600 des valeurs pétrolières et gazières a perdu 3,85%, la plus forte perte sectorielle de la journée. Dans ce compartiment, Total, en cédant 3,75%, a été la plus forte perte de l'indice Eurostoxx 50. Son homologue italien Eni a lâché 3,53%, quatrième plus forte perte de l'indice.

Autre valeur nettement dans le rouge au sein de l'Eurostoxx, la banque espagnole Santander (-3,4%), qui a pourtant fait état mardi d'un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes et qui compte réduire ses coûts plus énergiquement pour améliorer encore ses marges.

Le Brent a reculé en séance de plus de 3% pour toucher 82,08 dollars le baril, au plus bas depuis octobre 2010, quant au WTI texan, il a inscrit 75,84 dollars le baril, au plus bas depuis octobre 2011. L'Arabie saoudite a augmenté ses prix de vente officiels vers l'Asie et l'Europe lundi mais les a abaissés vers les Etats-Unis, un marché à l'exportation plus petit pour elle.

Cette annonce a également pesé sur les devises les plus exposées au marché pétrolier. Le dollar US a inscrit un pic de plus de cinq ans face à son homologue canadien, tandis que la couronne norvégienne a touché contre l'euro son niveau le plus bas depuis la fin 2009.

"Ce sont des nouvelles mitigées mais le fait que l'élément positif n'ait eu aucun impact montre que le sentiment du marché est très négatif à l'heure actuelle", dit Eugen Weinberg (Commerzbank).

L'accumulation de l'offre aux USA, du fait de l'exploitation intensive des schistes, a poussé plus d'une dizaine de producteurs pétroliers à créer un nouveau groupe de pression baptisé Producers for American Crude Oil Exports (PACE) dont le but avoué est d'obtenir la suppression de l'interdiction d'exporter du brut en vigueur depuis 40 ans.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Patrick Vignal)