par Andy Bruce

Les analystes interrogés par Reuters, plus de 350, ont revu à la baisse une bonne partie de leurs prévisions, par rapport à celles de juin, en raison d'un ralentissement prévisible de la reprise économique mondiale et des mesures d'austérité budgétaire décrétées en Europe.

C'est surtout au Japon que la révision des pronostics, faite avant l'intervention sur le marché des changes de mercredi, est la plus évidente. En juin dernier, les analystes voyaient le Nikkei terminer l'année sur un gain de 6,7%. Ils pensent maintenant qu'il accusera une perte de près de 12%.

Alors que des pays comme la Russie, l'Inde et le Brésil auront apparemment fait les meilleurs scores, il semble, au vu de l'étude, que Wall Street doive réaliser une performance meilleure que la plupart des autres places les plus riches, en dépit des inquiétudes latentes sur l'ampleur de la reprise économique.

"Certaines des données économiques qui sont sorties (...) n'ont pas effacé la crainte d'une double récession mais elles l'ont sans doute atténuée dans une certaine mesure", commente Tobias Levkovich (Citigroup, New York).

Les analystes projettent pour le Standard & Poor's 500 un gain de plus de 6% entre la clôture de hier mercredi et la fin de l'année, et pour le Dow Jones une hausse de plus de 5%.

Les indices européens monteront doucement jusqu'en fin d'année, tout comme les actions canadiennes et australiennes, encore que l'indice italien FTSE MIB risque de finir 2010 dans le rouge.

Le FTSE britannique, quelque peu à la traîne depuis le début de l'année, pourrait rebondir de 8% environ d'ici la mi-2011 grâce au soutien de recettes à l'étranger.

Le Nikkei japonais lui aussi rebondira l'année prochaine, et au rythme le plus soutenu de toutes les grandes places boursières, malgré ses sombres perspectives pour l'année en cours. Les analystes projettent une hausse de quelque 11% de la fin 2010 à la mi-2011.

"Le marché restera sans doute sous pression jusqu'au printemps prochain. Je pense que l'indice touchera son point bas en octobre, avant que les entreprises ne publient leurs comptes semestriels", dit Masahiro Ayukai (Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities).

INDE, RUSSIE, AFSUD ET BRESIL

Les indices des places émergentes, qui avaient terriblement souffert des retombées de la faillite de Lehman Brothers voici deux ans, ont dépassé et de loin leurs homologues des pays les plus riches, où les volumes ont rarement été aussi faibles.

Les actions chinoises sont une exception remarquée. L'indice composite de la Bourse de Shanghaï, qui avait bondi de 80% en 2009, a cédé environ 20% de sa valeur cette année.

Les entreprises chinoises ont subi de plein fouet les initiatives du gouvernement pour empêcher une surchauffe de l'économie, réfréner la spéculation immobilière et encadrer plus strictement la liquidité.

La Bourse de Shanghaï terminerait ainsi 2010 sur une perte de plus de 22% mais récupèrerait une partie de ses pertes d'ici la mi-2011.

"L'indice a peu de marge de manoeuvre dans le contexte d'une politique de l'immobilier sévère mais les valorisations basses des grandes capitalisations sont un élément de soutien pour l'avenir", commente Huang Xiangbin (Cinda Securities).

L'indice Hang Seng de Hong Kong et KOPSI de Séoul sont davantage susceptibles de tirer profit de la forte croissance économique de la Chine. Les inquiétudes tenant à la demande de PC risquent cependant de toucher la place taïwanaise de Taïpeh, lourdement pondérée en technologiques.

L'indice moscovite RTS offre les meilleurs rendements à partir de maintenant jusqu'en fin d'année mais est aussi l'un des plus risqués, montre encore l'enquête.

Les stratèges pensent que le RTS pourrait gagner plus de 18% d'aujourd'hui jusqu'à la fin de l'année et 33% d'ici à la mi-2011. Mais ils soulignent que le marché russe est à la merci de forces externes et d'un marché pétrolier instable.

L'ascension de l'indice indien BSE Sensex devrait se poursuivre à un rythme soutenu après une fin d'année plus ralentie. L'enquête ne lui donne qu'une hausse de 3% entre maintenant et la fin de l'année mais de 11% d'ici la mi-2011.

L'indice sud-africain JSE Top-40 semble bien parti pour concurrencer son équivalent indien et l'indice brésilien Bovespa ne serait pas loin derrière.

Graphique sur les performances boursières de 2010:

http://graphics.thomsonreuters.com/F/09/GLB_EQPOLL0910.gif

Enquête du Bureau de Bangalore avec le concours des correspondants des bureaux de New York, Toronto, Sao Paulo, Londres, Francfort, Milan, Moscou, Bombay, Hong Kong, Séoul, Tokyo, Taïpeh, Sydney, Johannesburg et Shanghai; analyse de Yati Himatsingka et Anooja Debnath, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Nicolas Delame