Les prix à la consommation ont augmenté de 0,3% en décembre par rapport à novembre pour s'afficher en hausse de 0,9% sur un an, selon les données publiées mercredi par l'Insee.

Les chiffres de décembre entrent en compte dans le réexamen du taux de rémunération du Livret A mais, comme en octobre, les économistes s'attendent à son maintien à 1,25%, la hausse des prix n'étant pas encore suffisante pour justifier un relèvement.

Le taux d'inflation sur un an, tombé jusqu'à -0,7% en juillet, était redevenu positif en novembre (+0,4%) après six mois consécutifs sous la barre de zéro, reflétant l'évolution des prix de l'énergie qui avaient fortement baissé à la fin 2008.

L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a augmenté de 0,3% sur un mois en décembre et de 1,0% sur un an, un peu plus que prévu puisque 21 économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne +0,2% et +0,9%.

"Les chiffres de décembre sont plutôt au-dessus des anticipations mais il n'y a pas de quoi changer fondamentalement la lecture, on est bien sorti de la phase de désinflation pour remonter vers 1,3% ou 1,4%, peut-être 1,5% en milieu d'année", commente Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance.

HAUSSE DANS LES SERVICES, RESTAURATION STABLE

Selon l'Insee, l'augmentation de décembre résulte en grande partie de la hausse saisonnière des prix des services tandis que les prix des produits manufacturés ont augmenté de 0,3%.

Si les prix des services ont progressé de 0,5% globalement, sous l'effet notamment des offres liées au tourisme, ils sont restés stables dans la restauration et les cafés, un sous-secteur sensible depuis la baisse de la TVA en juillet.

L'augmentation du prix du tabac à la mi-novembre a par ailleurs fini de produire ses effets avec une hausse de 1,5%, après +4,2% en novembre. Sur un an, l'augmentation est de 6,0%.

A l'inverse les prix de l'énergie ont baissé de 0,4% mais, compte tenu des comparatifs de la fin 2008, ils affichent une hausse de 1,1% en glissement annuel, après -4,2% en novembre. Au sein de cette catégorie, les prix des produits pétroliers ont reculé de 0,6% mais avec une augmentation de 3,6% sur un an.

Les prix des produits alimentaires ont quant à eux diminué légèrement de 0,1% (-0,3% sur un an), avec notamment un recul de 1,2% des prix des fruits frais - après trois mois de hausse - que n'a pas compensé une hausse saisonnière des prix des poissons et crustacés.

L'indice d'inflation hors tabac a augmenté de 0,2% sur un mois et de 0,8% sur un an, tandis que l'inflation sous-jacente (hors tarifs publics et produits à prix volatils) a progressé de 0,2% et 1,8% respectivement.

INFLATION MOYENNE DE 0,1% EN 2009

L'Insee ne communiquera que le 21 janvier le taux d'inflation moyen de 2009 mais les économistes le chiffrent d'ores et déjà à +0,1% seulement, à comparer à +2,8% en 2008.

"Le chiffre le plus bas depuis le début des années 60", remarque Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management.

Nicolas Bouzou, du cabinet d'analyse Asterès, note que les prix ont ainsi joué un rôle contracyclique en période de récession, soutenant le pouvoir d'achat des ménages.

"Pas d'inflation, salaires indexés sur l'activité de 2009, un soutien de la politique économique : on comprend pourquoi la consommation a résisté. Problème : on ne retrouvera sans doute pas ce cocktail gagnant en 2010", souligne-t-il.

Après une hausse évaluée à 2,3% l'an dernier, le pouvoir d'achat des ménages n'augmenterait plus que 1,4% au maximum cette année, estime Nicolas Bouzou qui ne croit pas pour autant à un fort regain d'inflation.

"Le 'ni-ni' prévaudra : ni inflation parce que la demande et les salaires resteront asthéniques, ni déflation car la politique monétaire restera expansionniste", dit-il en tablant sur un taux d'inflation compris entre 0,8% et 1,2% en 2010.

"Hors dérapage du prix du pétrole, le risque d'une accélération de l'inflation semble très limité pour 2010", confirme Philippe Waechter.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse