BAGHDAD, 7 mars (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s'est rendu mardi en Irak pour une visite surprise visant à montrer que Washington s'engage à y maintenir sa présence militaire près de 20 ans après l'invasion menée par les États-Unis qui a renversé le régime de Saddam Hussein.

Lancée sous l'administration de George Bush en 2003 et menée par une coalition internationale sous le prétexte de la présence d'armes de destruction massive, l'invasion de l'Irak a tué entre 185.000 et 208.000 civils irakiens et entraîné une instabilité qui a fini par ouvrir la voie à la montée en puissance des djihadistes de l'Etat islamique (EI) après le retrait des forces américaines en 2011.

Aucune arme de destruction massive n'a jamais été retrouvée en Irak.

Lloyd Austin, le plus haut responsable de l'administration du président Joe Biden à se rendre en Irak, a pris part à l'invasion en 2003 et avait été nommé commandant des forces américaines dans le pays en 2010, avant de superviser le retrait des troupes en 2011.

"Je suis ici pour réaffirmer le partenariat stratégique entre les États-Unis et l'Irak alors que nous nous dirigeons vers un Irak plus sûr, plus stable et plus souverain", a-t-il déclaré.

Les États-Unis ont actuellement 2.500 soldats en Irak - et 900 autres en Syrie - pour conseiller et aider les troupes iraquiennes à combattre l'État islamique, qui s'est emparé en 2014 de pans entiers de territoire dans les deux pays du Moyen-Orient.

"Ce que (les Irakiens) vont entendre de sa part, c'est l'engagement à maintenir la présence de nos forces, mais il ne s'agit pas seulement de l'instrument militaire. Les États-Unis sont largement intéressés par un partenariat stratégique avec le gouvernement irakien", a déclaré un haut responsable de la défense américaine, sous couvert d'anonymat.

Des cellules de l'État islamique résistent dans certaines parties du nord de l'Irak et du nord-est de la Syrie.

Le voyage de Lloyd Austin a également pour but de soutenir le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani dans sa lutte contre l'influence iranienne dans le pays, selon d'anciens responsables et experts.

Les milices soutenues par l'Iran en Irak ont occasionnellement ciblé avec des roquettes les forces américaines et leur ambassade à Bagdad.

Les tensions ont été vives en 2020 entre les États-Unis et l'Iran après que les forces américaines ont tué le général Qassem Soleimani, commandant d'une unité d'élite des forces iraniennes.

"Je pense que les dirigeants irakiens partagent notre intérêt à ce que l'Irak ne devienne pas un terrain de jeu pour un conflit entre les États-Unis et l'Iran", a déclaré le secrétaire américain à la Défense. Il rencontrera le Premier ministre irakien ainsi que le président de la région du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, dans le cadre d'un différend de longue date sur les transferts budgétaires et le partage des revenus pétroliers entre le gouvernement national et l'exécutif kurde.

(Reportage Idrees Ali à Bagdad ; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)