(Rpt 1er §, cours actualisés aux §2-3)

par Marius Zaharia

LONDRES, 30 décembre (Reuters) - Les rendements des obligations d'Etat allemandes ont terminé 2014 sur leur plus forte baisse annuelle en six ans, les turbulences politiques en Grèce et l'anticipation d'un nouvel assouplissement de la politique de la Banque centrale européenne (BCE) continuant de soutenir la demande.

Le rendement à dix ans allemand a évolué mardi autour du plus bas historique de 0,54% inscrit la veille après le troisième tour de l'élection présidentielle grecque, l'échec du candidat de la coalition gouvernementale ayant ouvert la voie à des législatives anticipées.

L'an dernier à la même époque, les investisseurs interrogés par Reuters s'attendaient pourtant à une hausse du rendement à 10 ans allemand à plus de 2% en 2014. Mais il a en fait chuté de 140 points de base cette année, son reflux le plus marqué depuis 2008.

Mardi était la dernière séance de l'année, les marchés allemands étant fermés mercredi.

Les prévisions initiales démenties par les faits s'appuyaient sur des hypothèses de croissance plus élevées, elles excluaient tout risque de déflation et elles sous-estimaient la demande de valeurs refuges, qu'ont alimentée ces derniers mois les tensions en Ukraine et au Proche-Orient.

Désormais, la plupart des investisseurs s'attendent à ce que la BCE se lance début 2015 dans un nouveau programme d'achats massifs d'obligations de la zone euro dans le cadre de sa politique dite d'assouplissement quantitatif (QE).

UN PETIT MIEUX EN VUE EN 2015

"La raison pour laquelle la situation a évolué différemment, c'est que personne ne s'attendait à ces craintes de déflation", explique Daniel Lenz, responsable de la stratégie de taux de DZ Bank. "Cela s'est révélé constituer un gros problème et c'est devenu le point de départ des spéculations sur le QE. Le QE a changé la donne."

Début 2014, les analystes de DZ Bank, comme la plupart des autres intervenants, prévoyaient une hausse des rendements allemands cette année mais ils ont dû revoir leur pronostic au cours de l'été.

L'anticipation d'un nouvel assouplissement de la politique de la BCE, conjuguée à la chute des prix du pétrole et d'autres matières premières, a réduit quasiment à zéro les rendements de la dette allemande et fait fortement diminuer les coûts de financement des autres pays de la zone euro, dont la France.

En Italie, le rendement de l'emprunt de référence à 10 ans est passé mardi pour la première fois sous le seuil de 1,90%, et en Espagne il se traitait sous 1,60%.

Les rendements des échéances allemandes les plus courtes devraient rester très faibles, aucun regain d'inflation n'étant attendu à court terme. Mais les rendements à dix ans pourraient remonter légèrement, montre une enquête de Reuters, la médiane des estimations à l'horizon de la fin 2015 donnant un rendement de 1,15%..

Cette prévision s'appuie sur deux facteurs principaux: d'une part le succès d'un programme de QE de la BCE, qui ferait remonter les anticipations de croissance et d'inflation à long terme, d'autre part la remontée attendue des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine, qui favoriserait une remontée générale des rendements des emprunts d'Etat.

"Puisqu'on s'attend à de nouvelles mesures d'assouplissement de la BCE, le contexte de marché devrait rester favorable", dit Luca Cazzulani, responsable de la stratégie de taux d'UniCredit. (Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)