Dans une interview accordée à Reuters, le chef du parti conservateur CDU, Friedrich Merz, a déclaré que l'Allemagne ne pouvait plus se contenter d'acheter du gaz bon marché à la Russie et des marchandises du monde entier tout en s'appuyant sur la sécurité des États-Unis.

Les commentaires de M. Merz reflètent une remise en question croissante de la politique allemande à l'égard de Pékin depuis que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a révélé la forte dépendance de l'Europe à l'égard de l'énergie russe.

Ils marquent une rupture avec l'ère de l'ancienne chancelière CDU Angela Merkel, lorsque la Chine était devenue le premier partenaire commercial de l'Allemagne et un marché d'exportation essentiel.

M. Merz, 67 ans, archi-conservateur, a pris la tête des chrétiens-démocrates d'Angela Merkel en 2022, promettant une rupture avec la politique centriste de cette dernière. Selon un sondage réalisé cette semaine par la chaîne ZDF, la CDU/CSU est le plus grand bloc de partis en Allemagne avec 30 %, gagnant légèrement du terrain alors que les partis de la coalition au pouvoir ont reculé, alors que M. Merz cherche à se positionner pour être candidat à la chancellerie en 2025.

"Nous avons besoin d'une coordination très étroite avec nos partenaires européens, en particulier avec la France", a-t-il déclaré à propos des relations avec la Chine. "Nous devons montrer que l'Allemagne n'est pas seule dans ce domaine, mais qu'elle agit en étroite coordination avec ses partenaires européens.

PAS DE "VOYAGES D'UN JOUR

M. Merz a demandé qu'un représentant clé du gouvernement français soit impliqué dans les futurs pourparlers entre l'Allemagne et la Chine. Il a souligné que les consultations avec Pékin étaient importantes, mais il a ajouté : "Elles ne devraient pas se faire à la journée :

"Elles ne devraient pas être des voyages d'un jour avec des délégations surdimensionnées et de petits ordres du jour, elles doivent être bien préparées et produire des résultats.

Il a déclaré que l'Allemagne devrait réduire la présence de la technologie de l'entreprise chinoise Huawei dès que possible, sans pour autant retirer les systèmes Huawei existants des réseaux allemands.

Interrogé sur son intention de se rendre à Taïwan, après qu'une visite récente d'un ministre allemand a irrité Pékin, M. Merz a répondu qu'il ne souhaitait pas le faire pour l'instant, afin de ne pas être provocateur.

M. Merz s'exprimait avant le voyage du président français Emmanuel Macron en Chine avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Lors de ce voyage, Pékin pourrait tenter de diviser pour mieux régner, a déclaré un diplomate non occidental, qui a suggéré que la Chine pourrait essayer d'enfoncer un coin dans le camp occidental et d'attirer la France loin des États-Unis.

En ce qui concerne la politique européenne, M. Merz a déclaré que son parti soutiendrait Mme von der Leyen pour un second mandat présidentiel en 2024.