(Actualisé avec Letta, §6)

par James Mackenzie

ROME, 29 mars (Reuters) - Le président Giorgio Napolitano n'est pas parvenu vendredi à rapprocher les positions des grands partis politiques pour sortir l'Italie de l'impasse au lendemain de l'échec des discussions exploratoires menées par la gauche en vue de la formation d'un gouvernement.

Excluant l'option d'un cabinet d'experts, Silvio Berlusconi a de nouveau exhorté Pier Luigi Bersani, chef de file de la gauche, à accepter le principe d'une grande coalition, seul moyen selon lui de sortir de la situation héritée des législatives de la fin février.

"Notre position n'a pas changé, nous l'avons exprimée avec une clarté absolue au président", a déclaré l'ancien chef du gouvernement, dénonçant "l'expérience tragique" qu'a constituée, selon lui, le gouvernement de techniciens de l'ancien commissaire européen Mario Monti.

Le Parti démocrate de Bersani, qui, associé aux écologistes, est majoritaire à la Chambre des députés mais pas au Sénat, lui a aussitôt opposé une fin de non recevoir.

"Il est très difficile d'imaginer un gouvernement soutenu par le PDL (Peuple de la liberté de Berlusconi) et le Parti démocrate. Sur trop de questions importantes, la politique du PDL est à des années-lumière de celle du Parti démocrate", a déclaré Luigi Zanda, président du groupe à la Haute Assemblée.

Après avoir été reçu par le président Napolitano vendredi soir, le numéro 2 du Parti démocrate, Enrico Letta, a estimé à son tour qu'une grande coalition réunissant les partis traditionnels "ne correspondraient pas au choix du changement que réclame le pays". Quant au petit parti SEL (gauche écologiste), allié au PD, il a lui aussi exclu une grande coalition.

Le Mouvement 5 Etoiles (M5S), de l'humoriste contestataire Beppe Grillo, grand vainqueur des élections qui se trouve en position d'arbitre, a quant à lui de nouveau exclu d'accorder sa confiance à un gouvernement dont il ne tiendrait pas les rênes, qu'il soit constitué de politiques ou d'experts.

"Nous réaffirmons notre détermination à ne pas accorder la confiance à un gouvernement politique ou pseudo-technocratique", a dit Vito Crimi, président du groupe au Sénat, après son entrevue avec le président.

"QU'ILS RENTRENT TOUS CHEZ EUX"

"Leur accorder la confiance ? C'est un gros mot dans la bouche de ces gens-là. Qu'ils rentrent tous chez eux !", renchérit Beppe Grillo dans une vidéo diffusée sur son blog.

Après l'échec de Pier Luigi Bersani dont il a pris acte jeudi, Giorgio Napolitano a souhaité consulter à nouveau les représentants des principaux partis pour évaluer sa marge de manoeuvre. La piste du gouvernement d'experts aux mains d'une personnalité respectée, que beaucoup considéraient comme la meilleure solution, semble donc écartée.

"Nous étions contre le gouvernement Monti et si l'alternative est un autre gouvernement de ce genre, de nouvelles élections valent mille fois mieux", a commenté Roberto Maroni, secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, qui est associée au PDL.

Parmi les personnalités susceptibles de former un tel gouvernement figurent Fabrizio Saccomanni, directeur général de la Banque d'Italie, le président du Conseil constitutionnel, Franco Gallo, ou l'ancien président du Conseil Giuliano Amato.

Le président Napolitano a clairement fait savoir qu'il ne souhaitaient voir les Italiens retourner aux urnes dans l'immédiat, ne serait-ce que parce que le scrutin risque de déboucher sur une impasse similaire à celle de la fin février, compte tenu des effets pervers d'une loi électorale très critiquée.

Certains souhaitent au contraire reprendre le chemin de l'isoloir, notamment à droite où on compte sur l'élan créé par Silvio Berlusconi dans les dernières semaines de la campagne.

Selon un sondage de l'institut SWG publié vendredi, l'alliance du "Cavaliere" devance désormais la gauche dans les intentions de vote. L'enquête montre toutefois que Matteo Renzi, le jeune maire de Florence membre du Parti démocrate, est la personnalité préférée des Italiens, dont 50% sont désormais partisans d'un retour aux urnes. Ils n'étaient que 40% il y a une semaine. (Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)