Vendredi 15
mars
Le point hebdo de l'investisseur
intro Espoirs sur le commerce, report du Brexit, politiques monétaires accommodantes, toutes ces raisons sont propices à entretenir l'appétit pour le risque des opérateurs. Les indices européens en profitent et établissent de nouveaux records annuels, reléguant au second plan la dégradation des perspectives économiques mondiales ou les incertitudes politiques.
Indices

Toutes les places financières ont récupéré leurs pertes de la semaine précédente.
Le CAC40 gagne 3.3%, le Dax 1.9% et le Footsie 1.8%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal progresse de 1.4%, l'Espagne s'adjuge 2%, et l'Italie 1.15%.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones a enregistré une performance hebdomadaire de 1.8%, même parcours pour le S&P500 qui avance de 3.1% ainsi que le Nasdaq100, avec +4.4%.
En Asie, c'est le Hang Seng qui signe la meilleure performance, avec +3%. Le Nikkei s'adjuge 2% et le Shanghai Composite seulement 0.7%, tout en restant le leader incontesté des indices depuis le 1er janvier (+21.2%).
Matières premières

Nouvelle semaine de progression pour le pétrole, qui augmente ses gains annuels malgré un sentiment d'hésitation qui se manifeste de plus en plus. Les opérateurs demeurent effectivement partagés entre les efforts de l'OPEP+ pour réduire l'offre mondiale, la situation chaotique au Venezuela, une demande mondiale qui pourrait s'avérer plus fragile que prévu et une production robuste aux Etats-Unis. La prochaine réunion du cartel, qui se déroulera ce week-end, devrait apporter quelques éléments de réponse à ces questions. Le cours du WTI progresse ainsi de 3.6% en données hebdomadaires, pour se traiter autour de 58 USD le baril.

Les métaux précieux gagnent aussi du terrain sur la séquence hebdomadaire. En dépit d'un appétit pour les actifs risqués qui demeure intact, l'or et l'argent ont trouvé un relais haussier à travers une nette baisse du dollar américain. Dans ce contexte, l'or et l'argent se négocient respectivement à proximité de 1303 et 15.35 USD.
Du fait de l'assombrissement des perspectives économiques mondiales, le pessimisme s'installe sur les métaux de base, qui évoluent en ordre dispersé. Le cuivre et l'aluminium progressent à respectivement 6398 et 1873 USD tandis que l'étain et le nickel cèdent du terrain à 21285 et 12930 USD.
Marchés actions

L'éternelle Big Blue

IBM oeuvre sous son nom actuel depuis 1924, bientôt un siècle de notoriété avec cet acronyme (International Business Machines).
La marque américaine fut très longtemps associée à la conception et la commercialisation de matériels informatiques et en particulier d'ordinateurs centraux (mainframes). Depuis plus de 10 ans, les revenus d'IBM se portent majoritairement (60%) sur les services en tant qu'entité de conseil dans le monde entier. La société est dirigée aujourd'hui par l'emblématique Virginia Rometty, élue parmi les dix femmes les plus puissantes du monde selon Forbes. Elle a permis à IBM de rentrer dans le monde du "Cloud Computing".

Sa valorisation de 123 milliards de dollars ne lui attribue toutefois qu'une place éloignée dans le palmarès des plus grosses capitalisations mondiales. Rien que dans le Dow Jones, elle occupe la 23ème place sur 30. Néanmoins, le groupe informatique retrouve les projecteurs chez les investisseurs en termes de performance puisque l'action aux trois lettres accomplit le meilleur parcours sur 2019, avec 21% de gains. Les bonnes publications de fin janvier ont dopé les initiatives acheteuses sur la valeur en annonçant un BPA de 4.87 USD par action, au-dessus du consensus, avec une augmentation de sa marge brute de 0.1% à 49.5%.

Parcours d'IBM depuis 25 ans

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Marché obligataire

Les conditions obligataires continuent de se détendre. L'emprunt américain à 10 ans se négocie à 2.62% dans un environnement peu évolutif à propos de la politique monétaire. La détente généralisée se vérifie également en Europe où le Bund revient proche du négatif à 0.05%. L'OAT suit le même parcours à 0.45% tout comme la dette espagnole qui se retrouve au plus bas à 1.18%. Le rendement sur la partie haute de la courbe des taux en Italie revient à 2.52%, un mouvement de détente, loin des 3.7% au moment du conflit intense entre Rome et Bruxelles, il n'y a pas si longtemps.
Toujours de manière marginale, le Japon (-0.04%) et la Suisse (-0.33%) gardent leur taux négatif sur l'échéance à 10 ans.
Marché des changes

Les cambistes privilégient les positions longues sur la livre sterling. La prise de conscience politique de trouver un accord sur le Brexit dope la devise britannique. Le GBP/USD se traite proche des 1.33 USD et le potentiel de rebond parait conséquent sur la parité, en cas de sortie positive (500 à 700 points de base).
Le dollar semble prendre le dessus face l'euro, validant une configuration qui laisse apparaître une certaine pression sur la monnaie unique (voir graphique). Ainsi, la parité EUR/USD se négocie à 1.132 USD. Au Japon, la banque a assombri son diagnostic économique sans pour autant assouplir sa politique monétaire. Le yen reste par conséquent dans un parcours sans relief. La devise nippone s'échange à proximité des 112 JPY face au dollar.

Evolution de l'EUR/USD

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Statistiques économiques

La production industrielle en zone euro a rebondi au mois de janvier (+1.4%), après un repli de 0.9% le mois précédent. L'indice des prix à la consommation (1.5%) était conforme aux attentes et aux premières estimations.
La balance commerciale, l'indice ZEW du sentiment économique allemand et les indices PMI seront dévoilés la semaine prochaine. Le sommet européen du 21 mars est, de plus, très attendu.

Aux Etats-Unis, les statistiques étaient mitigées. Les ventes au détail (0.2%), les commandes de biens durables (0.4%), les dépenses de construction (1.3%) et l'indice du Michigan (97.8) ont dépassé les attentes des analystes. A contrario, le taux d'utilisation des capacités de production (78.2%), les ventes de logements neufs (607K), la production industrielle (0.1%), ou encore l'indice manufacturier de la Fed de New York (3.7, plus bas depuis mai 2017) ont déçu. L'inflation reste faible en février (CPI : +0.2% sur un mois). Sur un an, il correspond à un plus bas depuis septembre 2016 (+1.5%, voir graphique). Enfin, les stocks de pétrole se sont repliés de 3.9 millions de barils (consensus +2.7M) et les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté (passant de 223K à 229K).
Nous prendrons connaissance la semaine prochaine des commandes industrielles, de l'indice PhillyFed puis comme chaque semaine, des inscriptions au chômage et des stocks de pétrole brut. Les investisseurs prêteront une attention particulière à la conférence de presse de la Fed le 20 mars.

Indice des prix à la consommation, de retour sur des niveaux de 2016

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Les intervenants addicts au risque malgré les reports

En cette journée des quatre sorcières, les indices clôturent en forte hausse. Le mouvement haussier sur les trois dernières compensations mensuelles (du 24 décembre au 15 mars) se monte à plus de 700 points pour le CAC40. De belles statistiques pour un environnement qui se voulait hostile aux stratégies « Risk On ».
Les apaisements sur les différentes menaces identifiées fin 2018, comme le commerce international, la défaillance de l'économie chinoise ou le champ monétaire, ont permis d'intensifier des initiatives acheteuses chez les acteurs de marché, en faveur des actions. Report au Royaume-Uni, report pour un accord commercial sino-américain, le marché veut y croire et la marche en avant des indices s'effectue sans obstacle majeur. Certaines études mettent en avant le point bas touché par l'économie européenne en pariant sur une amélioration des indicateurs macroéconomiques. Reste à savoir si les investisseurs l'ont déjà intégré ou non?