ISTANBUL, 12 novembre (Reuters) - Des architectes turcs demandent au pape François de ne pas mettre le pied à l'intérieur du tout nouveau "palais blanc" du président Recep Tayyip Erdogan, lorsqu'il se rendra à Ankara à la fin du mois, ce afin de ne pas légitimer ce qu'ils considèrent comme un bâtiment "illégal".

Cet immense palais d'un millier de pièces, inauguré en octobre et qui devrait coûter au bout du compte plus de 500 millions de dollars, s'élève sur un terrain anciennement boisé légué à l'Etat par Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie.

Pour ses opposants, cette immense structure à colonnes, dotée d'atriums et dont le sol est dallé de marbre, symbolise l'extravagance et la nature autocratique d'Erdogan, trois mois après son investiture en tant que premier chef d'Etat élu au suffrage universel.

"Les architectes ont adressé une lettre au pape François, qui sera le premier invité dans ce palais illégal(...). Ils demandent au pape de ne pas honorer l'invitation à se rendre dans ce bâtiment", a déclaré sur son site internet la branche d'Ankara de la Chambre des architectes turcs.

Plusieurs injonctions de justice bloquant le chantier, surnommé "KA Sara" ou "Palais blanc", n'ont pas permis d'arrêter les travaux, ce qui a provoqué la colère des écologistes pour qui ce chantier prive la capitale de l'un de ses derniers espaces verts.

Les précédents présidents séjournait dans l'ancien palais d'Atatürk, plus modeste, mais la décision de s'installer dans le nouveau bâtiment coïncide avec le lancement de ce qu'Erdogan appelle la "Turquie nouvelle".

Le souverain pontife sera du 28 au 30 novembre à Ankara et à Istanbul, et fera là sa première visite en Turquie, pays majoritairement musulman où se sont réfugiés ces derniers mois des milliers de chrétiens fuyant les djihadistes en Irak et en Syrie.

Durant cette visite de trois jours, le chef de l'Eglise catholique rencontrera Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre Ahmet Davutoglu. Il verra également le patriarche oecuménique Bartholomée, primat de l'Église orthodoxe de Constantinople. (Steve Scherer et Nevzat Devranoglu; Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)