par Michael Holden

LEICESTER, Angleterre, 4 février (Reuters) - Les restes du roi Richard III d'Angleterre, immortalisé par la tragédie de Shakespeare, ont été identifiés grâce à des analyses scientifiques qui mettent un terme à cinq siècles de mystère sur la dépouille du souverain, a annoncé lundi l'université de Leicester.

L'ADN du squelette retrouvé sous un parking de Leicester, ville du centre de l'Angleterre, est identique à celui de Michael Ibsen, un fabricant de meubles d'origine canadienne installé à Londres et qui, selon des généalogistes, descend en ligne directe de la soeur de Richard III, Anne d'York, belle-soeur de Charles le Téméraire.

Cette découverte met un point final à cinq siècles de mystères et de légendes, dont l'une voulait que le corps du roi, tué dans la mêlée de la bataille de Bosworth, le 22 août 1485, ait été exhumé sous le règne de Henri VIII et jeté dans une rivière, et que sa tombe ait servi d'abreuvoir à chevaux.

La bataille de Bosworth et la mort de Richard III, dernier roi d'Angleterre issu de la maison des Plantagenêt, ont signé la fin de la guerre des Deux-Roses entre les maisons d'York et de Lancaster. Après la bataille, le futur Henri VII avait fait exposer en public la dépouille mortelle de son ennemi pour prouver qu'il avait bel et bien remporté la guerre.

Après une présentation détaillée de la vie, des blessures et des caractéristiques physiques de Richard III, le chef de l'équipe archéologique de l'université, Richard Buckley, a dévoilé lundi ses conclusions sous les applaudissements.

ENTERREMENT EN LA CATHÉDRALE DE LEICESTER

"L'Université de Leicester a conclu (...) que le squelette exhumé à Grey Friars en septembre 2012 était bel et bien celui de Richard III, dernier roi de la Maison des Plantagenêt", a-t-il dit en présentant l'une des plus importantes découvertes archéologiques de l'histoire récente de l'Angleterre.

Le squelette conserve la trace de dix blessures, dont huit à la tête, qui ont été pour la plupart reçues sur le champ de bataille. On voit sur une photographie que l'arrière du crâne a été fendu, sans doute par une épée. Un fragment de métal a été retrouvé au niveau des vertèbres.

Certaines blessures sont imputables au transport du corps à dos de cheval, du champ de bataille jusqu'à la ville voisine, Leicester, et il semble que ses mains étaient liées.

En outre, la déviation de la colonne vertébrale, tournée en ridicule par Shakespeare et traduite au cinéma par un Laurence Olivier bossu, est frappante.

Richard III, qui avait péri à l'âge de 32 ans après seulement deux années sur le trône, va être maintenant réinhumé en la cathédrale de Leicester.

À la question de savoir si le Premier ministre était d'accord avec certains députés conservateurs qui ont demandé des funérailles nationales pour Richard III, un porte-parole de David Cameron a répondu que la décision de l'inhumation incombait à l'université de Leicester. (Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser)