* Le montant de l'indemnité versée restera confidentiel

* Strauss-Kahn a encore des affaires pendantes en France

* Accord aussi entre Diallo et le New York Post (Actualisé avec citations, réactions de Paris)

par Joseph Ax

NEW YORK, 10 décembre (Reuters) - Un accord à l'amiable d'un montant non divulgué a été annoncé lundi entre Dominique Strauss-Kahn et la femme de chambre guinéenne du Sofitel de Manhattan, mettant un terme aux poursuites pour agression sexuelle qui ont coûté son poste à l'ancien directeur général du FMI et mis un coup d'arrêt à sa carrière politique.

Lors d'une brève audience, le juge Douglas McKeon, de la Cour suprême de l'Etat de New York, a précisé que les détails de l'accord, y compris le montant de l'indemnisation que l'ancien patron du Fonds monétaire international pourrait verser à Nafissatou Diallo, ne seraient pas rendus publics.

Dominique Strauss-Kahn, qui n'était pas tenu d'être présent lundi, était resté à Paris et était représenté par ses avocats. Nafissatou Diallo, en pantalon noir et foulard sur la tête, était en revanche présente comme le juge l'avait ordonné.

"Je remercie tout le monde et je remercie Dieu", a déclaré la jeune femme de 33 ans dans une brève déclaration devant le tribunal à l'issue de l'audience.

"Mademoiselle Diallo est une femme forte et courageuse qui n'a jamais perdu la foi dans notre système judiciaire. Avec cette décision, elle peut maintenant continuer sa vie. Nous remercions chacun pour son soutien et ses prières", a déclaré son avocat Kenneth Thompson.

Les avocats new-yorkais de "DSK", William Taylor et Amit Mehta, ont déclaré dans un communiqué envoyé par courriel : "Au nom de M. Strauss-Kahn, nous sommes heureux d'être parvenus à la résolution de cette affaire. Nous sommes reconnaissants envers le juge McKeon dont la patience et la tolérance ont permis la mise au point de cet accord."

La procédure au pénal ayant été abandonnée l'an dernier en raison de contradictions dans les dépositions de la jeune Guinéenne, l'accord conclu lundi soir met fin à un feuilleton judiciaire entamé en mai 2011.

"FAUTE MORALE"

Le 14 mai 2011, la femme de chambre avait fait sensation en accusant l'ancien ministre français de l'Economie d'agression sexuelle. Elle avait affirmé que le patron du FMI était sorti nu de la salle de bains de la suite à 3.000 dollars la nuit qu'il occupait au Sofitel de Manhattan et l'avait obligée à lui faire une fellation.

Dominique Strauss-Kahn, qui est aujourd'hui âgé de 63 ans, avait admis une "relation inappropriée" et une "faute morale", mais démenti toute contrainte ou violence.

L'affaire lui a coûté son poste à la tête du Fonds monétaire international et ruiné ses chances de participer à l'élection présidentielle française du printemps 2012.

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn avaient démenti fin novembre que le chiffre de six millions de dollars d'indemnités versées à Nafissatou Diallo donné par la rumeur. )

Le juge McKeon a poussé de longue date à un accord financier, arguant que les deux parties ne gagneraient pas à un procès long et public, a écrit le "New York Times", qui a révélé le projet d'accord à l'amiable.

Les enquêteurs avaient d'abord eu foi dans les preuves, et notamment dans les prélèvements ADN qui avaient montré une relation sexuelle. Mais ils ont renoncé à poursuivre au pénal en août 2011 en raison des problèmes de crédibilité de Nafissatou Diallo, avec notamment des incohérences sur son passé et dans son récit des faits survenus immédiatement après l'incident.

L'accord conclu avec Nafissatou Diallo met fin aussi au procès pour diffamation intenté par DSK contre son accusatrice.

Le juge McKeon a aussi annoncé lundi que le procès intenté par la femme de chambre contre le "New York Post" concernant un article de ce tabloïd selon lequel elle était une prostituée avait également fait l'objet d'une transaction à l'amiable. Les termes n'en ont pas non plus été rendus publics.

Du côté français, l'ancien directeur général du FMI reste mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" dans l'affaire du Carlton de Lille depuis mars dernier.

La défense de Nafissatou Diallo a suivi les développements de l'affaire du Carlton et n'aurait sans doute pas manqué de l'exploiter lors d'un procès civil à New York.

La cour d'appel de Douai doit se prononcer sur une demande d'annulation de la mise en examen de "DSK" déposée par ses défenseurs. Les magistrats doivent se prononcer le 19 décembre. (Jean-Loup Fiévet, Gérard Bon, Emmanuel Jarry et Danielle Rouquié pour le service français)