par Pascale Denis et Antonella Ciancio

L'administrateur délégué du joailler italien a cependant estimé que "si l'environnement général restait stable", sa prévision de croissance de 4% à 6% pour 2010 serait "prudente", ajoutant que les ventes des quatre premiers mois de l'exercice 2010 étaient "en ligne" avec celles du premier trimestre (+11,8%).

Francesco Trapani a également indiqué que les mesures d'austérité prises en Europe pour faire face au mur de la dette des Etats se feraient surtout sentir en 2011.

"Une poursuite de la baisse des marché financiers aurait, elle aussi, un impact sur la consommation du luxe", a-t-il ajouté.

Il s'est dit "très modérément optimiste" pour l'avenir. "Le pire est derrière nous mais la croissance sera faible".

L'Europe compte pour près de 40% des ventes du groupe romain, connu pour ses bijoux associant des pierres de couleurs vives.

A la question de savoir si Bulgari avait été approché par d'éventuels acheteurs, il a répondu que la société n'avait "jamais reçu aucune offre".

Le joailler, contrôlé à 51% par la famille Bulgari, fait l'objet de rumeurs de rachat récurrentes, dans un secteur où les cibles sont rares et chères. La valeur se traite à 6,18 euros (+1%) pour une capitalisation boursière d'environ 1,8 milliard d'euros. Elle affiche une hausse de 7% depuis le début de l'année.

PRIORITÉ À LA CHINE

Francesco Trapani a également indiqué que la Chine, nouvel eldorado du luxe mondial, était au coeur du développement international du groupe. "Nous y investissons agressivement en communication et nous comptons y ouvrir quatre à cinq magasins par an", a-t-il dit.

Bulgari a vu ses ventes bondir de près de 40% en "grande Chine" (Chine, Hong Kong, Taiwan et Macao) au premier trimestre. La région représente aujourd'hui 16% de son chiffre d'affaires total.

Alors que nombre de groupes de luxe bénéficient de la baisse de l'euro face au dollar et au yen - grâce aux effets de conversions et aux flux touristiques - Bulgari en profitera moins car le joailler a aussi une importante base de coûts en franc suisse - qui s'est apprécié face à l'euro - notamment pour ses montres et ses parfums.

"Nous achetons nos diamants en dollars et nous avons 700 à 800 personnes qui produisent en Suisse", a-t-il dit.

In fine, les effets positifs de l'euro et ceux, négatifs, du francs suisse s'annuleront. "L'effet devise devrait donc être neutre pour nous", a-t-il souligné.

La société, qui s'est diversifiée dans les parfums et la maroquinerie, s'est fixé pour objectif de doubler ses ventes de sacs qui ne comptent que pour 7% à 8% de son chiffre d'affaires dans les trois à cinq ans qui viennent.

La maroquinerie, qui dégage des marges souvent plus élevées que l'horlogerie ou la joaillerie, a aussi fait la preuve d'une meilleure résistance dans la crise.

"Notre stratégie, c'est celle d'une table à quatre pieds (bijoux, montres, parfum et accessoires). Nous en avons une à trois pieds et demi. Les sacs sont un moteur de notre croissance dans les accessoires. L'impact sur la rentabilité est très important." Il a précisé que les ventes de sacs avaient grimpé de 43% au cours des quatre premiers mois de l'année.

Bulgari a récemment signé un contrat avec le designer britannique Matthew Williamson pour dessiner une collection de sacs qui sera présentée à Milan en septembre.

Avec des sacs dont les prix oscillent entre 1.000 et 2.000 euros, Bulgari entend concurrencer des groupes comme Bottega Veneta (groupe PPR), Chanel ou Hermès.

La société, qui détient 270 boutiques dans le monde, a réduit sa perte à 8,3 millions d'euros au premier trimestre, contre 29,3 millions un an plus tôt.

Elle avait vu son chiffre d'affaires chuter de 14% en 2009 et sa perte nette atteindre 47 millions.

Avec la contribution d'Astrid Wendlandt, édité par Jean-Michel Bélot