Sur les marchés, la notion de « grande rotation » demeure relativement théorique pour l'heure, souligne Bernard Aybran, directeur de la multigestion chez Invesco Asset Management. Depuis maintenant de nombreux trimestres, une sortie des marchés obligataires au détriment des marchés actions est annoncée sous ce nom, rappelle le professionnel. Si 2013 a connu des souscriptions actions supérieures aux souscriptions obligataires dans le monde, les deux classes d'actifs sont au coude à coude sur les deux premiers mois de 2014.

Et, ni l'année dernière ni cette année les fonds obligataires n'ont connu, en agrégé, de décollecte nette. Si l'on considère en outre que les fonds d'allocation d'actifs (ou multi-assets) voient leur succès se confirmer, il est clair que les marchés obligataires continuent à attirer des capitaux frais, même si c'est à un rythme un peu ralenti.

Si les montants de dette corporate émis sont en diminution sensible sur un an, c'est largement attribuable au désendettement des émetteurs. La demande demeure ferme et les spreads poursuivent leur détente, qu'il s'agisse des segments high yield ou investment grade.

D'ailleurs précise Bernard Aybran, les gouvernements d'Europe du Sud placent désormais leur dette à des taux qu'ils n'avaient pas connus depuis 2008 : certes, les spreads n'ont pas retrouvé les niveaux de 2007, mais les taux « sans risque » demeurent très faibles.