par Gilles Guillaume et Helen Massy-Beresford

"C'est le premier salon automobile qui voit plus loin que la crise. L'attitude des constructeurs a changé. L'avenir est un peu plus riant même s'il est encore trop tôt pour déboucher le champagne", a déclaré Sergio Marchionne, administrateur délégué de Fiat.

Comme pour illustrer l'amélioration de la situation, le constructeur italien a relevé sa prévision de résultat net 2010, tablant désormais sur un bénéfice. De son côté, Volkswagen a relevé ses perspectives de hausse du marché automobile mondial pour cette année.

Conséquence de ce prudent optimisme exprimé par les constructeurs, le secteur automobile européen a affiché la meilleure performance du jour (+0,69%) dans un marché dans son ensemble orienté à la baisse.

Au-delà de 2010, les journées presse qui précèdent l'ouverture du salon, samedi au public, ont livré quelques éléments sur la tonalité de l'an prochain, marquée jusqu'ici par une grande incertitude en raison de la disparition des dernières aides publiques qui ont permis au secteur de traverser la crise de 2008-2009.

"Sur l'Europe, nous pensons que 2010 est un point bas, donc que 2011, en termes de volumes, devrait être supérieur ou égal à 2010", a dit Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën, deuxième constructeur européen en volume.

"Nous ne voyons pas une grosse croissance en 2011 à l'horizon", a-t-il précisé.

Stephen Odell, directeur général de Ford Europe, a estimé de son côté que l'industrie automobile allait "probablement connaître une reprise lente et continue sur tous les marchés.

"Mais il y aura probablement des mesures d'austérité dans certains pays susceptibles d'inverser cette évolution", a-t-il ajouté.

UN POINT BAS, ET APRÈS ?

Après avoir essuyé l'une des pires crises de l'après-guerre, le marché automobile mondial a renoué cette année avec la croissance et est en passe de retrouver le niveau record de 2007 en terme d'immatriculations.

Mais la croissance s'est déplacée vers les marchés émergents, Chine en tête, car l'Europe, marché mature et saturé, devrait subir une baisse des immatriculations estimée à 7% en 2010. Et l'évolution de la demande future dans la zone reste l'objet de nombreuses interrogations.

Carlos Ghosn, PDG de Renault, a estimé de son côté que le marché européen devrait se contracter d'environ 2% l'an prochain, ajoutant qu'avec la poursuite de la croissance des pays émergents notamment, une croissance de 3 à 4% du marché automobile mondial serait "tout à fait raisonnable".

"Ce n'est une nouvelle pour personne que nous (les constructeurs) nous tournons tous en priorité vers la Chine. Au sein des pays BRIC, il y a également la Chine qui se reprend et le Brésil - en passe de devenir un plus gros marché automobile que l'Allemagne - connaît une très forte croissance", a dit à Reuters Insider Dieter Zetsche, président du directoire de Daimler.

Nick Reilly, directeur général d'Opel, filiale de General Motors, a déclaré que le creux du cycle avait été touché par le marché européen mais que les volumes resteraient à ses yeux déprimés en 2011.

Si tous les acteurs misent sur le boom de la demande en provenance de marchés comme la Chine ou l'Amérique latine, les constructeurs comptent aussi sur les nouveaux modèles et les nouveaux modes de propulsion, dont certains sont présentés porte de Versailles à Paris, pour gagner des parts de marchés en Europe.

Renault a dévoilé une version de sa Zoé électrique ressemblant à 90% au modèle qui sera fabriqué à Flins (Yvelines) à partir de 2012 tandis que PSA a présenté son crossover 3008 en version hybride diesel, une première qui arrivera dans les concessions à partir de l'année prochaine.

Gilles Guillaume, édité par Nicolas Delame