par Noah Barkin

Les leaders politiques allemands doivent se réunir lundi pour convenir des grandes lignes d'un deuxième plan de relance, mais les propos tenus dans la presse à la veille de cette rencontre montrent que de profondes divisions demeurent au sein du gouvernement, notamment sur la question du recours à des baisses d'impôt temporaires pour soutenir la croissance, une arme qu'Angela Merkel a jusqu'ici toujours exclue.

Le gouvernement allemand a été le premier en Europe à prendre des mesures pour tenter de préserver l'économie du brutal ralentissement engagé, mais le plan de relance conclu en novembre et estimé par Berlin à 31 milliards d'euros a suscité de vastes critiques tant ses ambitions sont jugées par trop modestes.

Angela Merkel a cédé à la pression des conservateurs de sa coalition et à celle de ses partenaires européens en reconnaissant qu'un nouveau plan était nécessaire, mais le gouvernement n'est toujours pas d'accord sur son contenu.

LE SUJET SENSIBLE DE LA FISCALITÉ

Les alliés conservateurs, les Chrétiens sociaux de la CSU, ont promis de rejeter tout plan qui n'intégrerait pas des baisses d'impôt, un sujet sensible qui fait depuis plusieurs mois l'objet d'un vif débat en Allemagne.

"La position de la CSU, c'est que nous ne pouvons envisager un plan de relance qui ne prévoie pas d'allègements fiscaux", a prévenu Horst Seehofer, numéro un du parti bavarois, dans les colonnes du quotidien Süddeutsche Zeitung.

L'objectif est d'encourager à la dépense des consommateurs allemands notoirement plus prudents que dans les autres pays industrialisés, afin que la consommation puisse prendre le relais des exportations allemandes, le principal moteur économique du pays qui se retrouve frappé de plein fouet par le ralentissement des échanges internationaux.

Les Sociaux démocrates du SPD de centre-gauche ont promis quant à eux de n'accepter aucune baisse d'impôt, et plaident à la place pour des allègements de cotisations retraite, santé et chômage pesant sur les salariés allemands.

"Notre position pour les négociations est claire: le SPD dit non aux baisses d'impôts", a résumé Andrea Nahles, haut-responsable du SPD, cette fois dans l'hebdomadaire dominical Bild am Sonntag.

Lucas Papademos, vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), s'est invité dans le débat en déclarant au magazine Wirtschaftswoche qu'à ses yeux, il n'était pas certain que la fiscalité soit la bonne réponse aux difficultés allemandes.

Angela Merkel, leader du parti chrétien démocrate (CDU), espérait garder la question des baisses d'impôts pour un futur engagement de campagne en prévision des élections fédérales de septembre. La crise a changé la donne, et les tractations devraient se poursuivre dimanche soir avec la CSU, et lundi après-midi avec le SPD.

L'Allemagne est officiellement entrée en récession au troisième trimestre, et les principaux instituts économiques anticipent une contraction de 2%, voire plus, du produit intérieur brut (PIB) du pays cette année, ce qui constituerait la pire performance de l'après-guerre.

Des sources gouvernementales ont indiqué à Reuters que le deuxième plan de relance, qui devrait aussi inclure de nouvelles dépenses consacrées aux écoles et autres infrastructures, pourrait atteindre une enveloppe totale de 25 milliards d'euros.

Noah Barkin, version française Gilles Guillaume