par David Alexander et Jonathan Landay

WASHINGTON, 12 janvier (Reuters) - Mike Pompeo, choisi par Donald Trump pour diriger la CIA une fois le nouveau président investi, a passé en revue les défis qui attendent les Etats-Unis, jeudi, plaçant en bonne position dans cette liste la Russie aux côtés notamment de l'Iran et de la Chine.

Prenant le contre-pied du ton conciliant adopté par Donald Trump envers Moscou, Mike Pompeo a déclaré que la Russie s'était "affirmée de manière agressive" en envahissant et en occupant une partie de l'Ukraine, et en menaçant ainsi l'Europe, tout en ne faisant "pratiquement rien" pour détruire l'organisation djihadiste Etat islamique.

Il s'est aussi dit convaincu que les cyberattaques menées par des pirates informatiques russes pendant la campagne présidentielle américaine étaient le résultat "d'actions agressives" ordonnées au sommet de l'Etat russe. Il a jugé "solides" les conclusions des agences de renseignement en la matière.

L'ancien officier de l'armée républicaine, élu républicain à la Chambre des représentants, s'exprimait lors de son audition de confirmation devant le Sénat.

Dans sa déclaration inaugurale, Mike Pompeo a souligné qu'il n'était pas du ressort de la CIA de décider de la politique des Etats-Unis envers un pays, mais il a jugé indispensable que l'Agence fournisse aux décideurs "des renseignements précis et des analyses clairvoyantes sur les activités russes".

Son audition est intervenue en pleine polémique entre les agences de renseignement et Donald Trump, qui les a notamment accusées mercredi d'avoir fait fuiter un rapport sur des informations non vérifiées, notamment de nature sexuelle, portant sur ses relations avec la Russie.

PAS DE RETOUR DU "WATERBOARDING"

Mike Pompeo, qui est élu conservateur du Kansas et membre de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, a dressé une liste des défis qui attendent les Etats-Unis dans "l'environnement hostile le plus compliqué" qu'ils ont, selon lui, eu à affronter depuis longtemps.

Outre la Russie, il a cité un Etat islamique (EI) qu'il a qualifié de "résilient" et les conséquences de la guerre en Syrie, mais aussi un Iran "conforté et perturbateur" au Proche-Orient, la Corée du Nord et sa course à l'armement, notamment nucléaire, ou encore la Chine, dont les activités en mer de Chine méridionale et le cyberactivisme créent de "vraies tensions".

Pour faire face à l'ensemble de ces défis, Mike Pompeo a exclu de revenir aux méthodes d'interrogatoires "poussées" utilisées à l'époque de l'administration de George W. Bush, comme la simulation de noyade ("waterboarding"), interdites depuis par Barack Obama.

Il a dit "ne pas imaginer" que Donald Trump puisse donner l'ordre à la CIA d'utiliser des méthodes illégales et a rappelé qu'il avait voté, en tant que représentant, en faveur du recours par l'Agence aux manuels de terrain de l'US Army, qui encadrent strictement ces activités.

Interrogé sur la guerre contre l'EI, il s'est dit favorable à une "stratégie intégrée" qui mettrait notamment l'accent sur la lutte contre le recrutement et d'autres activités, comme le financement, en dehors du Proche-Orient.

Evoquant l'accord sur le nucléaire iranien, il a jugé que le mécanisme d'inspection était "très bon" mais il a estimé que "les Iraniens sont des professionnels du mensonge" et doivent être surveillés de près pour éviter qu'ils ne violent les termes de l'accord.

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ENCADRE Les visages de l'administration Trump (Tangi Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André)