Le Trésor espagnol a placé sept milliards d'euros de son nouvel emprunt syndiqué à 10 ans, ainsi que 2,78 milliards de bons à trois à six mois avec des rendements divisés par quatre pour les échéances les plus courtes et par deux pour les autres.

Le nouvel emprunt de référence à 10 ans du Trésor espagnol - le premier en plus d'un an - a attiré une demande d'environ 24 milliards d'euros, a annoncé le ministre de l'Economie Luis de Guindos, un montant "sans précédent", a-t-il dit.

Environ 60% de la demande provenait d'investisseurs non-résidents, a-t-on appris de source du ministère de l'Economie, signe de l'intérêt accru des investisseurs internationaux.

Une source gouvernementale proche du dossier avait indiqué que malgré l'explosion de la demande, Madrid choisirait de ne pas lever plus de sept milliards d'euros afin de préserver l'appétit du marché pour la dette espagnole. Avant le placement, la source avait indiqué que Madrid visait à lever quatre milliards d'euros dans le cadre de ce nouvel emprunt syndiqué.

Madrid a fixé à 365 points de base au-dessus de la courbe des swaps le spread définitif de son emprunt syndiqué à 10 ans, a-t-on appris d'une source de marché.

Le succès du placement de l'Espagne surpasse celui de son voisin italien, qui vient d'émettre six milliards d'euros d'une nouvelle obligation à 15 ans la semaine dernière.

Les deux pays ont déjà bien avancé dans leur programme de financement pour l'année 2013. Sans compter l'émission du jour, Madrid avait réalisé environ 9% de son objectif annuel - d'un montant total de 120 milliards d'euros -, tandis que Rome a comblé environ 10% de ses besoins.

FAIRE FACE À DES COUPS DURS

Sur le marché secondaire, le rendement des obligations souveraines à 10 ans reculait en fin de matinée de quatre points de base à 5,122% et celui des obligations à 10 ans italiennes de deux pdb à 4,202%.

Les coûts de financement de l'Espagne avaient dépassé la barre de 7% vers la mi-juillet, au pic de la crise de la dette, atteignant un record depuis la création de la zone euro.

L'engagement pris depuis par la Banque centrale européenne (BCE) de tout faire pour sauver l'euro, avec notamment la mise en place d'un programme de rachat de titres de dette émis par des Etats qui ont fait une demande d'aide internationale, est toujours considéré comme le principal facteur de la baisse des rendements des pays dits "périphériques".

Toutefois, ces placements massifs reflètent aussi en partie la crainte que les tensions politiques - notamment en Italie avec les prochaines élections, mais aussi en Espagne où les manifestations et les mouvements de grève sont quotidiens - ne viennent rapidement doucher l'enthousiasme du marché.

"J'ai l'impression que le Trésor (espagnol) tire le meilleur parti d'un marché qui lui est favorable pour s'assurer des liquidités et faire face à d'éventuels coups durs", commente Estefania Ponte, économiste chez Cortal Consors.

Autre signe de l'intérêt pour la dette périphérique, le Trésor espagnol a placé dans la matinée pour 2,78 milliards de bons à trois et à six mois - alors qu'il visait 1,5 à 2,0 milliards - et les deux adjudications ont été marquées par une baisse marquée des rendements, revenus au plus bas depuis mars.

Pour le papier à trois mois, Madrid a émis 1,21 milliard d'euros, le ratio de couverture étant ressorti à 4,2 contre 2,9 lors d'une précédente adjudication et le rendement étant passé de 1,195% à 0,441%. Le Trésor espagnol a parallèlement émis pour 1,58 milliard d'euros de bons à six mois, avec un ratio de 3,8 contre 2,6 auparavant, et un rendement de 0,888% contre 1,609%.

Juliette Rouillon et Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison

par Paul Day