"Il faut être inquiet au sujet des pays où le taux d'autofinancement (ratio des cash flows à l'investissement des entreprises) est faible", affirme Patrick Artus de Natixis. "Dans beaucoup de pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Autriche, Belgique, Finlande, Pays Bas, Australie, Canada, Irlande, Grèce, Espagne), le taux d'autofinancement des entreprises est revenu rapidement à un niveau très élevé après la crise, avec à la fois le recul de l'investissement et la déformation du partage des revenus au détriment des salariés."

"Dans ces pays, il faut vérifier que cette déformation du partage des revenus ne se prolonge pas inutilement. Mais dans d'autres pays (France, Italie, Portugal), le taux d'autofinancement reste anormalement faible. Cette situation doit inquiéter : les entreprises de ces pays sont financièrement fragiles."

"Dans une situation où les entreprises souhaitent réduire leur levier d'endettement et où le crédit bancaire devrait devenir plus cher, la correction du taux d'autofinancement dans ces pays semble nécessaire et peut se faire : par une réduction de l'investissement, par le freinage des salaires, par des gains de productivité plus rapides, d'où des pertes d'emplois."

"Dans tous les cas, l'effet est une réduction de la demande. On ne peut pas avoir une perspective à court terme de croissance importante dans les pays où le taux d'autofinancement est bas, même si la remontée du taux d'autofinancement améliore les perspectives de moyen terme."