L'objectif initial de déficit public était fixé à 6% du PIB mais le gouvernement issu des élections de novembre a annoncé la semaine dernière que cet objectif avait été dépassé, en raison de déficits plus importants que prévu des régions, du gouvernement central et du système de sécurité sociale.

Interrogé sur la radio Cadena Ser, Luis de Guindos a ajouté sur une radio que le gouvernement s'était fixé un programme de réformes très agressives pour les prochaines semaines.

"Cela reste à voir, mais il est possible que nous ayons dépassé la barre des 8%", a-t-il dit lors de sa première interview depuis l'arrivée au pouvoir du Parti Populaire.

L'économie espagnole pourrait se contracter au premier trimestre 2012 comme lors des trois derniers mois de l'année dernière, a-t-il ajouté en écho aux prévisions des analystes qui jugent que l'Espagne est déjà en récession.

La quatrième économie de la zone euro est l'une des plus touchées par la crise de la zone euro, malgré les efforts entrepris par le précédent gouvernement socialiste, qui multiplié les hausses d'impôts tout en sabrant dans les dépenses.

Mariano Rajoy a annoncé vendredi une réduction des dépenses publiques de 8,9 milliards d'euros et une hausse des impôts censée rapporter dans les six milliards d'euros annuellement.

Sur le marché obligataire, l'écart de rendement (spread) entre les emprunts espagnols et allemands à 10 ans, qui mesure la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette de l'Espagne, était en baisse de trois points de base lundi à 329 points, mais dans des échanges réduits, les marchés londoniens étant fermés.

RÉCESSION PROBABLE EN 2012

"Les mesures annoncées par le gouvernement ne semblent pas avoir d'effet, ni en mieux ni en pire. Le vrai test aura lieu demain mais je ne crois pas que le marché réagisse beaucoup. Les hausses de taux et les coupes budgétaires ont été plus ou moins anticipées", a commenté un trader à Madrid.

Aux mesures annoncées vendredi s'ajouteront des réformes structurelles qui permettront de relancer l'économie, a déclaré Luis de Guindos.

La vice-Premier ministre Soraya Saenz de Santamaria a prévenu la semaine dernière que de nouvelles mesures d'austérité seraient mises en oeuvre. Le gouvernement doit trouver 35 milliards d'euros en 2012 s'il veut atteindre un objectif de déficit public limité à 4,4% du PIB.

"Avec ces mesures, nous ne sommes pas très optimistes sur les perspectives de croissance pour cette année. Nous prévoyons une contraction de plus de 2% de l'économie, mais tout dépendra des coûts de financement", estime Jose Luis Martinez, économiste de Citi.

"Si les mesures de réduction du déficit changent la perception du marché, la contraction de l'économie pourrait être moins marquée. Si ce n'est pas le cas, ce sera sans doute pire."

Les Espagnols, qui ont donné en novembre au Parti populaire la majorité la plus vaste jamais accordée à une formation politique en 30 ans, se résignent à l'idée de devoir vivre des années difficiles.

Plus de la moitié des personnes interrogées par Sigma Dos pour le journal El Mundo disent ne pas attendre de reprise avant 2013, selon un sondage publié dimanche.

Elles n'ont été que 15% à dire que la reprise reviendrait cette année et 37% jugent que 2012 sera pour l'économie espagnole plus pénible encore que 2011.

Nicolas Delame et Marc Angrand pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot

par Paul Day