(Répétition sans changement de la dépêche transmise samedi)

par Dave Graham

MEXICO, 1er juillet (Reuters) - Les Mexicains votent dimanche pour élire leur président, un scrutin sur fond de tensions avec les Etats-Unis voisins, pour lequel le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, 64 ans, est donné favori.

S'il réussit à évincer le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), la formation qui a dirigé le Mexique pratiquement en permanence depuis sa création en 1929, l'ancien maire de Mexico sera le premier chef d'Etat de gauche depuis des décennies.

Pour asseoir son pouvoir, Andres Manuel Lopez Obrador, dit AMLO, devra aussi imposer son Mouvement de régénération nationale (Morena) au Congrès, le Parlement mexicain, dont les deux chambres sont également renouvelées dimanche et où aucun parti n'a eu la majorité absolue depuis 1997.

Second malheureux aux précédents scrutins présidentiels de 2006 et 2012, AMLO bénéficie d'une avance de plus de 20 points sur ses rivaux selon la plupart des instituts de sondages. Il se présente comme le seul candidat capable de redorer le blason d'une classe politique discréditée par la corruption et par son incapacité à relancer la croissance économique et à endiguer le crime.

"Le nouveau président du Mexique aura l'autorité morale et politique pour exiger que tout le monde se comporte avec intégrité et fasse de l'honnêteté une priorité de mode de vie", a déclaré Andres Manuel Lopez Obrador lors de son discours final de compagne dans un stade de football de la capitale, mercredi.

Le président sortant, Enrique Pena Nieto ne pouvant se représenter, le PRI à l'image ternie a choisi pour la première fois un candidat hors de ses rangs pour le représenter en la personne de José Antonio Meade, 49 ans. Celui-ci a occupé divers postes ministériels sous les gouvernements du PRI ou du PAN (Parti d'action nationale, conservateur) et notamment les Finances et les Affaires étrangères.

Andres Manuel Lopez Obrador, qui fait campagne sans relâche depuis plus de dix ans, profite de la colère des Mexicains face à la corruption et la violence endémiques, tout en restant vague sur les modalités de son programme.

RASSURER WALL STREET

Cherchant à rallier le soutien des partisans du nationalisme économique, des progressistes de gauche et conservateurs sociaux, il a promis de combattre les inégalités, d'améliorer les salaires et les aides sociales, tout en maintenant un budget de rigueur.

Qualifié tour à tour de gauchiste, populiste ou nationaliste, voire, par ses détracteurs, de socialiste destructeur à la Hugo Chavez, l'ancien président vénézuélien, AMLO a mis en avant une équipe de conseillers pour rassurer Wall Street et dire aux investisseurs américains qu'il ne mettra pas l'économie mexicaine en pièces.

Mais il a également évoqué la possibilité d'organiser des référendums pour résoudre les questions controversées, notamment sur la poursuite de l'ouverture du secteur pétrolier et gazier au capital privé. AMLO a également critiqué certains entrepreneurs indépendants qu'il a accusés de faire partie de la "mafia du pouvoir".

Quand il a perdu de peu sa première tentative présidentielle en 2006, il en a contesté le résultat et organisé un sit-in qui avait bouché une des principales artères de la capitale pendant des semaines.

Parmi les autres rivaux, Ricardo Anaya, 39 ans, à la tête d'une coalition droite-gauche, a promis de relever le salaire minimum et de porter les dépenses publiques à 5% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2021. Le plus jeune des quatre candidats a également promis de mettre sur pied une commission internationale d'enquête sur les allégations de corruption à l'encontre du gouvernement sortant.

Le dernier candidat, Jaime Rodriguez, dit "El Bronco" ("La brute"), est le seul candidat indépendant. Crédité de 1 à 6% des intentions de vote, il a choqué l'opinion lors d'un débat télévisé en se disant partisan de couper la main de ceux qui volent, même des fonctionnaires.

Le nouveau président du Mexique héritera aussi d'une relation difficile avec son homologue américain Donald Trump sur les deux dossiers chauds du commerce et de l'immigration.

Les discussions sur la réforme de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) se sont enlisées tandis que le président américain insiste pour que ce soit le Mexique qui paie pour le mur qu'il veut construire le long de la frontière entre les deux pays dans le but d'empêcher l'immigration illégale.

Manuel Lopez Obrador s'est montré prudent. Il a dit vouloir conclure un accord avec Donald Trump selon lequel il travaillerait à limiter l'immigration clandestine en échange d'une aide économique. (Avec Christine Murray; Danielle Rouquié pour le service français)