La Grande-Bretagne n'a connu qu'une reprise molle depuis la récession de 2008-2009 et le chômage a grimpé ces derniers mois pour atteindre en novembre son plus haut niveau depuis 17 ans, le gouvernement de David Cameron pratiquant les coupes budgétaires.

Selon les chiffres publiés mercredi par l'Office national de la statistique, le produit intérieur brut (PIB) britannique s'est contracté de 0,2% sur la période octobre-décembre, la stagnation du secteur des services n'ayant pas permis de compenser le recul dans la production industrielle et la construction.

Les économistes anticipaient une contraction plus faible, à -0,1%, après une croissance de 0,6% au troisième trimestre.

"Comme nous le redoutions, le recul du PIB au quatrième trimestre devrait être le premier pas vers une récession technique", définie par deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité, souligne Andrew Goodwin, du cabinet Ernst & Young ITEM.

La production manufacturière a reculé de 0,9% d'un trimestre sur l'autre, sa baisse la plus marquée depuis le troisième trimestre 2009, tandis que la production industrielle dans son ensemble reculait de 1,2%.

La production dans les services, qui représente 76% du PIB, a été stable sur le trimestre, son plus mauvais score depuis le quatrième trimestre 2010.

Sur un an, de décembre 2010 à décembre 2011, l'économie britannique affiche une croissance de 0,8% grâce à un effet de base positif. Au dernier trimestre 2010, la production avait nettement reculé en raison de fortes chutes de neige.

Sur l'ensemble de 2011, le PIB britannique a crû de 0,9%, soit moins de la moitié de la croissance de 2010.

Pour ce début 2012, les économistes sont divisés, mais si les chiffres donnent raison à ceux qui prévoient une poursuite de la baisse du PIB au premier trimestre, la Grande-Bretagne connaîtra sa deuxième période de récession en trois ans.

La BOE POURRAIT AGIR DE NOUVEAU

Dans ce contexte, la prochaine réunion de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE), début février, sera suivie de près.

Le compte rendu de sa réunion de début janvier a montré mercredi que la banque centrale a fait un pas supplémentaire en direction d'un accroissement de son programme d'assouplissement quantitatif ('quantitative easing', QE).

"Pour certains membres, les risques de ne pas atteindre l'objectif (d'inflation) signifiaient qu'une nouvelle expansion des achats d'actifs allait probablement être nécessaire", lit-on dans le compte rendu, sur un ton un peu plus assuré que le mois précédent.

La plupart des économistes estiment que la banque centrale britannique annoncera une nouvelle injection de liquidités dans l'économie au mois de février, peut-être de 50 milliards de livres supplémentaires, alors que le gouvernement a les mains liées par sa promesse de supprimer le déficit budgétaire sur les cinq prochaines années.

Le ministre des Finances George Osborne a réaffirmé que la politique de rigueur menée par la coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates était le bon choix.

"Ce sont des chiffres décevants (...) mais ils ne sont pas complètement inattendus, vu ce qui se passe dans le monde et ce qui se passe dans la zone euro", a dit le chancelier de l'Echiquier.

"La Grande-Bretagne a d'importants problèmes économiques, une hausse de la dette sur les dix dernières années, et nous sommes en train de nous occuper de ces problèmes, mais à dire vrai la gestion de ces problèmes est compliquée par la situation de la zone euro."

Danielle Rouquié et Jean Décotte pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Sven Egenter et David Milliken