NEW DELHI, 22 décembre (Reuters) - Après plusieurs journées de protestations violentes, voire mortelles, contre une nouvelle loi de citoyenneté votée le 11 décembre par le Parlement indien, le Premier ministre Narendra Modi a assuré devant des militants de son parti nationaliste hindou réunis à New Delhi que le texte ne visait pas les musulmans.

"Je veux assurer aux citoyens musulmans d'Inde que la loi ne changera rien pour eux", a-t-il dit dimanche, ajoutant que le gouvernement mettait en oeuvre ses réformes sans préjugés religieux.

Le pouvoir estime que la nouvelle loi - la Citizenship Amendment Act (CAA) - est indispensable pour que les minorités non-musulmanes ayant fui l'Afghanistan, le Bangladesh ou le Pakistan pour trouver refuge en Inde avant 2015 puissent obtenir la citoyenneté indienne.

Mais nombre d'Indiens pensent que la nouvelle législation est une forme de discrimination à l'égard des musulmans - qui représentent 14% d'une population de quelque 1,3 milliard - et qu'elle viole le caractère laïc de la constitution.

Et l'adoption de la loi intervient un peu plus de quatre mois après la révocation par gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi de l'article 370 de la Constitution qui octroyait depuis l'indépendance, en 1947, un statut spécial au Jammu-et-Cachemire, le seul Etat majoritairement musulman du pays.

Fin août, près de deux millions de personnes ont été par ailleurs été privées de leur citoyenneté dans l'Etat d'Assam (nord-est) après une vaste opération de recensement dans cet Etat frontalier avec le Bangladesh.

En outre, en novembre, un tribunal a autorisé la construction d'un temple hindou sur le site d'une mosquée rasée par des fanatiques hindous.

Depuis le 11 décembre, au moins 21 personnes ont trouvé la mort lors d'affrontements avec la police et plus de 1.500 personnes ont été arrêtées, Narendra Modi se trouvant confronté à la plus vive contestation de son autorité depuis son accession au pouvoir en 2014.

Ces protestations, qui ont réuni des milliers de personnes dans les rues de nombre de villes de pays, surviennent à un moment où la croissance économique est au plus bas depuis six ans et où le chômage augmente. (Devjyot Ghoshal à New Delhi, Rupam Jain à Mumbai, Benoît Van Overstraeten pour le service français)