par Tamora Vidaillet

La prévision médiane de 12 économistes interrogés entre le 14 et le 21 janvier donne une contraction de 0,9% du produit intérieur brut en octobre-décembre, après une croissance symbolique de 0,1% au deuxième trimestre.

Suivrait ensuite une contraction de 0,6% au premier trimestre de 2009, année qui verrait le PIB se replier au total de 1,1% - du jamais vu depuis 1945.

D'un point de vue technique, une récession se définit par deux trimestres consécutifs de croissance négative - situation à laquelle la France a échappé de justesse au troisième trimestre, contrairement au reste de la zone euro. Mais les économistes n'en sont plus à ces subtilités-là.

"On ne prévoit pas de croissance positive du PIB avant le quatrième trimestre, alors on peut parler de récession profonde et prolongée," explique Gilles Moëc, chez Bank of America.

Les économistes estiment en moyenne la croissance de 2008 à +0,8%, grâce aux bonnes performances du début d'année, mais leur prévision de -1,1% pour 2009 contraste avec la croissance positive, comprise entre 0,2 et 0,5%, que le gouvernement continue d'espérer.

En octobre, une précédente enquête donnait une croissance de 0,5% en 2009, mais les indicateurs macro-économiques ont depuis révélé une forte détérioration de la situation sous l'impact de la crise financière et de la chute de la demande.

RATIO DEFICIT/PIB DE 4,6% EN 2009

Le plan de relance de 26 milliards d'euros dévoilé par le président Nicolas Sarkozy le 4 décembre devrait donner un coup de pouce aux secteurs les plus en difficulté - l'automobile et le bâtiment - mais sans inverser la tendance générale, jugent les économistes.

Ils n'attendent pas de retour de la croissance avant le deuxième semestre 2009 mais préviennent que ce sera une croissance molle. Et le chômage, selon eux, continuera d'augmenter jusqu'au troisième trimestre 2010, quand il atteindra un pic de 8,8%.

Dans ce contexte, le déficit budgétaire devrait atteindre 4,6% du produit intérieur brut cette année, bien au-dessus de la limite théorique de 3% dans la zone euro, puis revenir tout au plus à 4,1% en 2010.

Eric Woerth, le ministre du Budget, a relevé mardi la prévision du déficit 2009 de 0,5 point à 4,4% du PIB, avant un reflux attendu à 3,1% en 2010.

L'inflation devrait poursuivre son reflux dans les prochains mois mais son impact sur le moral et la consommation des ménages sera limité par la montée du chômage.

"La consommation ne progressera que faiblement à cause de la détérioration du marché du travail," indique Diego Iscaro, chez IHS Global Insight. "Néanmoins, l'inflation nettement plus basse donnera un coup de pouce au pouvoir d'achat des ménages et limitera le ralentissement de leurs dépenses."

Version française Véronique Tison