(Actualisé avec précisions, ministre danois, contexte)

BAMAKO, 31 janvier (Reuters) - Les autorités maliennes ont demandé à l'ambassadeur de France à Bamako de quitter le pays sous 72 heures pour protester contre les propos "hostiles" tenus par des responsables français contre la junte, selon un communiqué lu lundi à la télévision d'Etat.

Le ministère malien des Affaires étrangères a annoncé au même moment sur Twitter avoir convoqué l'ambassadeur de France pour qu'il s'explique sur des critiques de Paris contre les autorités de transition.

"Suite aux propos tenus par les autorités françaises à l'endroit des autorités de la Transition, SEM (Son Excellence Monsieur, NDLR) Joël Meyer, Ambassadeur de la République française au Mali, est convoqué ce lundi 31 janvier 2022", a fait savoir le ministère.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a estimé vendredi que la situation au Mali était devenue "intenable" et que la junte au pouvoir à Bamako était "hors de contrôle". La ministre des Armées, Florence Parly, s'est également montrée très critique la semaine dernière.

Le Quai d'Orsay n'a pas immédiatement répondu lundi aux sollicitations de Reuters.

Le ministre des Affaires étrangères du Danemark, dont la junte malienne a exigé le départ des soldats déployés sur son sol la semaine dernière, a en revanche exprimé sa solidarité avec la France et estimé que les autorités de Bamako étaient en train de perdre toute crédibilité.

"Les informations selon lesquelles l'ambassadeur de France a été déclaré persona non grata par les autorités de transition maliennes sont inacceptables et le Danemark apporte son soutien total à la France", a écrit Jeppe Kofod sur Twitter.

"Un comportement aussi irresponsable n'est pas ce que nous attendons du Mali, va affaiblir la crédibilité internationale", a ajouté le ministre danois.

La junte malienne, qui a repoussé à 2025 les élections qui devaient se tenir le mois prochain, ne cache pas sa volonté de se rapprocher de la Russie et a récemment fait appel à ce qu'elle présente comme des "instructeurs militaires" mais que les pays occidentaux pensent être des mercenaires de la société de sécurité privée Wagner.

La France et ses alliés européens se sont donné deux semaines, vendredi, pour décider de l'évolution de leur engagement militaire contre les groupes djihadistes au Mali alors que la junte au pouvoir à Bamako manifeste une hostilité croissante à leur égard. (Reportage Paul Lorgerie et Tiemoko Diallo à Bamako, avec John Irish à Paris, version française Matthieu Protard et Tangi Salaün, édité par Jean-Michel Bélot et Blandine Hénault)