Un sondage informel réalisé par Reuters auprès des pays votants suggère que la ministre de l'Economie française devrait obtenir haut la main une majorité face au candidat mexicain Agustin Carstens.

Le gouverneur de la banque centrale mexicaine a pourtant recueilli vendredi l'appui du Canada et de l'Australie, mais il ne devrait pas parvenir à arracher ce poste aux mains des Européens, qui détiennent entre 40 et 47% des parts de vote.

Les 24 membres permanents du conseil d'administration du FMI devraient organiser lundi un sondage non officiel pour déterminer si l'un des deux candidats décroche une majorité claire.

Cette course à la direction du FMI a été l'une des plus contestées de l'histoire de l'institution, les pays en développement ayant vigoureusement réclamé un processus de sélection basé sur les compétences du candidat et non sur sa nationalité, contre l'avis du groupe européen.

Le choix des Etats-Unis, qui n'ont pas officiellement annoncé quel candidat ils soutenaient, sera déterminant au cours des deux prochains jours, la première puissance économique mondiale représentant 17% des voix au sein du FMI.

On attend cependant de l'administration Obama qu'elle appuie la candidature de la ministre française de 55 ans, préservant ainsi la tradition qui accorde ce poste aux Européens tandis que ceux du numéro deux du FMI et de président de la Banque mondiale sont dévolus aux Américains.

OUTSIDER

Le Japon et la Chine, respectivement deuxième et troisième en termes d'influence de vote, ont également évité de se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des candidats. Mais, de même que les Etats-Unis, plusieurs responsables du FMI ont déclaré que les deux pays voteraient pour Christine Lagarde.

Candidat outsider autoproclamé, Agustin Carstens a mis en avant son expérience d'ancien responsable du FMI pour appuyer sa campagne, ainsi que sa connaissance du traitement des crises économiques dans les pays en développement.

Avec le ralliement du Pérou et du Chili vendredi, il a désormais le soutien de l'ensemble des pays d'Amérique Latine excepté le Brésil, resté silencieux.

Les partisans de Christine Lagarde mettent en avant sa crédibilité politique et économique dans toute l'Europe, zone clé des efforts du FMI pour éviter une nouvelle récession économique globale.

L'agenda de la ministre publié vendredi reste muet après le mercredi 29 juin, veille de la date limite pour la désignation du nouveau directeur général.

Le poste est devenu vacant suite à l'arrestation et à l'inculpation de son ancien directeur, Dominique Strauss-Kahn, dans une affaire d'agression sexuelle sur une femme de chambre d'un hôtel de New-York.

Avant sa démission, Dominique Strauss-Kahn avait supervisé une réforme du système de votes au FMI qui donne désormais plus de voix aux pays émergents mais toujours moins qu'ils ne le réclamaient. Conformément aux demandes de ces pays, les deux candidats se sont engagés à donner plus de poids aux économies émergentes dans le système de vote.

Marion Douet pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten