DAKAR, 5 janvier (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies hésite sur l'attitude à adopter face à la situation en République démocratique du Congo (RDC), où les tensions s'exacerbent à l'approche de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle du 30 décembre.

Les Quinze se sont réunis vendredi à huis clos à la demande de la France pour faire le point mais ne sont pas parvenus à s'entendre sur une déclaration commune, précise un rapport interne que Reuters a pu consulter.

Les Etats-Unis ont condamné le manque de transparence du scrutin de dimanche dernier alors que la Chine, investisseur majeur dans le pays, a salué son déroulement.

Les membres du Conseil de sécurité ont "divergé dans leur appréciation des problèmes qui entourent ce processus et ils étaient divisés sur la question de savoir si le Conseil devait faire une déclaration à la presse", note le rapport.

L'élection présidentielle du 30 décembre doit ouvrir la voie au premier transfert démocratique du pouvoir dans l'histoire de la RDC, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ayant décidé de ne pas se représenter en application des dispositions sur la limitation des mandats présidentiels.

Les deux candidats de l'opposition - Martin Fayulu et Félix Tshisekedi - ainsi que celui soutenu par le pouvoir en place - Emmanuel Ramazani Shadary - ont revendiqué la victoire.

La commission électorale nationale indépendante (Ceni) devait diffuser ce dimanche des résultats provisoires, mais a annoncé qu'elle ne pourrait peut-être pas tenir les délais en invoquant des retards dans la compilation des procès-verbaux des bureaux de vote. Entretemps, les autorités ont coupé l'accès à internet et bloqué plusieurs médias, dont Radio France Internationale (RFI) afin d'éviter, selon un conseiller de Kabila, la diffusion et la propagation de faux résultats.

Lors de la réunion du Conseil vendredi, la France a plaidé pour la publication d'une déclaration appelant au calme et reconnaissant que les électeurs congolais avaient pu exercer leur droit de vote dimanche dernier tout en critiquant la coupure d'internet et le blocage des médias.

Cette initiative a été soutenue par plusieurs pays dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Côte d'Ivoire et la Belgique, ancienne puissance coloniale.

Mais l'Afrique du Sud, alliée de longue date de Joseph Kabila, a jugé que cette déclaration pourrait "enflammer" la situation si elle devait être publiée avant l'annonce des résultats.

La Russie a estimé qu'elle pourrait être considérée comme une tentative d'influencer l'opinion publique et la Chine a "salué la manière dont les élections ont été conduites". (Aaron Ross Jean-Stéphane Brosse pour le service français)