Le ministère fédéral de la Santé a annoncé qu'il autorisait une demande de la Société canadienne du sang visant à permettre les dons d'hommes ayant eu des relations sexuelles avec un autre homme au cours des trois mois précédents.

Au lieu d'exiger des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes qu'ils restent abstinents pendant au moins trois mois avant de faire un don, l'organisme soumettra tous les donneurs potentiels de sang et de plasma à un dépistage des "comportements sexuels à risque". Selon les nouveaux critères, toute personne ayant eu des relations sexuelles anales avec un nouveau partenaire devra attendre trois mois avant de faire un don, a indiqué un porte-parole de la Société canadienne du sang.

Le changement devrait entrer en vigueur d'ici le 30 septembre.

"L'autorisation accordée aujourd'hui constitue une étape importante vers un système de don de sang plus inclusif à l'échelle nationale et s'appuie sur les progrès réalisés ces dernières années en matière de preuves scientifiques", a déclaré Santé Canada dans un communiqué.

Cette décision fait suite à une évolution de la politique depuis l'interdiction à vie, imposée au milieu des années 1980, des dons de sang provenant d'hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes depuis 1977. Le gouvernement a progressivement réduit les périodes d'abstinence requises à cinq ans, trois ans et - à partir de 2019 - trois mois.

La justification antérieure de ces interdictions était que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes présentaient une prévalence plus élevée du virus de l'immunodéficience humaine. Mais les défenseurs et les experts médicaux ont affirmé qu'il s'agissait d'une hypothèse dépassée et stigmatisante qui ne reflétait pas les facteurs de risque actuels.

Helen Kennedy, directrice générale du groupe de défense des droits des LGBTQ, Égale Canada, a salué la décision et la fin d'une politique "discriminatoire". "On l'attendait depuis longtemps !" a-t-elle écrit dans un courriel.

Le Premier ministre Justin Trudeau, dont le parti libéral promet de mettre fin à l'interdiction du sang depuis 2015, a qualifié jeudi de "bonne journée" et l'interdiction générale de "discriminatoire".

"Cela a pris trop de temps", a-t-il déclaré aux journalistes. "Cela aurait dû être fait il y a 10 ans, il y a 15 ans. Mais la recherche ... n'a tout simplement pas été faite par aucun gouvernement précédent. Alors nous l'avons fait."