Le ministre Ahmed Hussen, interrogé sur la possibilité d'imposer d'autres mesures pour ralentir l'activité des investisseurs, telles que l'exigence d'acomptes plus importants pour les deuxième, troisième ou ultérieures maisons, n'a pas écarté cette option.

"Nous freinons la spéculation en faisant un certain nombre de choses ... mais nous n'avons pas non plus fermé la porte à d'autres mesures", a déclaré M. Hussen dans une interview à Reuters. Il a fait remarquer que les systèmes fiscaux et immobiliers du Canada sont complexes, ce qui complique le processus.

"Nous devons étudier plus avant et vraiment examiner de près les mesures supplémentaires que nous pouvons prendre pour traiter les questions relatives à la spéculation", a-t-il déclaré.

Les prix des logements ont bondi de plus de 50 % au cours des deux dernières années, sous l'effet des faibles taux d'intérêt, du désir d'espace et de l'activité spéculative. La Banque du Canada a constaté que les investisseurs achètent maintenant une maison sur cinq.


GRAPHIQUE : Les prix des maisons canadiennes montent en flèche

La

hausse des logements a contribué à faire grimper le taux d'inflation au Canada à son plus haut niveau en 31 ans en mars. La croissance des prix et des ventes devrait rester élevée cette année, mais se modérer vers la fin de 2023 ou le début de 2024, a déclaré jeudi l'agence nationale du logement du Canada.

Pour freiner la spéculation, le gouvernement met en place une interdiction temporaire des acheteurs étrangers et une nouvelle mesure visant à taxer davantage les propriétés revendues dans l'année qui suit leur achat.

Dans le cadre du système fiscal actuel, un acheteur qui laisse une propriété vide pour la vendre quelques mois plus tard est taxé de la même manière que celui qui possède une propriété et la loue pendant des décennies, avant de la vendre.

"Actuellement, notre système fiscal traite deux scénarios de la même manière, et nous devons changer cela", a déclaré M. Hussen.

Le ministre s'est dit confiant que l'interdiction des acheteurs étrangers, qui sera en vigueur pendant au moins deux ans, "créera certainement plus de logements pour les Canadiens."

Les propriétaires étrangers détiennent une part relativement faible des maisons canadiennes, mais jouent un rôle prépondérant sur certains marchés - comme les condos urbains fraîchement construits - contribuant à l'escalade des prix, selon les experts.

Mais les critiques disent qu'il faudrait aussi faire plus pour freiner la spéculation intérieure, notamment en exigeant des mises de fonds plus importantes pour les propriétés d'investissement.

Les Canadiens peuvent acheter une résidence principale avec seulement 5 % d'acompte, à condition de pouvoir bénéficier d'une assurance hypothécaire. Pour les propriétés secondaires et ultérieures, une mise de fonds de 20 % est requise, bien que les acheteurs puissent puiser dans leur ligne de crédit hypothécaire pour la payer.

Jeudi, l'autorité de réglementation financière du Canada a souligné qu'un ralentissement du marché de l'habitation était l'un des risques auxquels est confronté le système financier du pays.