GENEVE, 22 février (Reuters) - Les affrontements pourraient durer des mois dans le nord du Mali, ce qui risque d'affecter l'aide aux civils et de créer une situation comparable à celle de la Somalie, a averti vendredi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Le contact est devenu difficile à établir avec les mouvements islamistes pour obtenir les garanties de sécurité nécessaires au passage des convois d'aide, dit l'organisation, qui ne sait plus à qui s'adresser dans certaines zones.

En prévision de la poursuite des combats et autres attentats, le CICR stocke du matériel médical dans un hôpital de Gao, la plus grande agglomération du Nord-Mali. Six soldats maliens blessés y ont été admis jeudi et d'autres ont été évacués vers Bamako, précise-t-il.

Les forces françaises de l'opération Serval, engagée le 11 janvier, ont rapidement repris les grandes villes du Nord tombées aux mains des islamistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'ouest (Mujao), mais le conflit pourrait désormais tourner à la guérilla.

"Contrairement à ce que certains auraient pu imaginer à la suite de la reprise des villes principales par les armées française et malienne, la situation n'est pas du tout stable, calme, et n'est pas propice au retour des populations", a fait valoir Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation du CICR pour le Mali et le Niger, s'adressant à la presse à Genève.

Le contingent français a prêté main forte jeudi aux soldats maliens pour déloger des combattants islamistes infiltrés de la mairie de Gao. Quinze activistes ont été tués dans l'opération, qui a fait quatre blessés dans les rangs de l'armée malienne. Deux militaires français ont été très légèrement touchés.

"Si on parle du moyen terme, quelques mois ou un ou deux ans, ce qui m'inquiète c'est qu'on voit s'installer ce que l'on vit maintenant, c'est-à-dire un conflit asymétrique avec une sécurité précaire et donc des populations qui n'auront pas accès aux services de base", a ajouté Jean-Nicolas Marti.

"On voit ce que ça peut donner dans une région comme la Somalie et certaines parties du Yémen et de l'Afghanistan", a poursuivi le représentant du CICR. Le CIRC est présent à Gao, à Kidal et à Tombouctou, mais il s'agit exclusivement de personnel africain en raison du risque d'enlèvement, "une activité lucrative" dans la région, a souligné Jean-Nicolas Marti. (Stephanie Nebehay, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)