Chypre avait sollicité ce renflouement en juin 2012 mais un accord n'avait pu être scellé avec le précédent gouvernement. Les négociations se sont intensifiées depuis qu'un nouveau gouvernement, conservateur, est en place.

Deux responsables de la zone euro ont dit que l'Eurogroupe n'avait pas encore de solution toute trouvée sur le meilleur moyen de financer le renflouement mais les ministres veulent un accord d'ici la fin mars.

"L'Eurogroupe appelle les institutions internationales et Chypre à accélérer leurs travaux sur les éléments de constitution d'un programme et a convenu de donner un aval politique au programme vers la seconde quinzaine de mars", déclarent les ministres dans un communiqué.

Chypre a fait un geste en vue de parvenir à un tel accord en acceptant un audit indépendant de la manière dont les banques chypriotes appliquent les lois anti-blanchiment, lit-on encore dans le communiqué. L'île a répondu ainsi à une préoccupation majeure soulevée par l'Allemagne en particulier.

La privatisation d'actifs publics, à commencer par l'opérateur télécoms de l'île, et la restructuration d'un secteur bancaire dont les actifs représentent huit fois le PIB du pays pourraient figurer en bonne place dans les conditions du renflouement.

Ce dernier pourrait atteindre 17 milliards d'euros, soit le PIB annuel de Chypre, en incorporant le financement des opérations courantes du gouvernement ainsi que le service de la dette. La dette du pays se trouverait alors portée à 145% du PIB, ce qui est jugé insoutenable.

Des responsables allemands, appuyés par les Pays-Bas et la Finlande, veulent que les déposants des banques chypriotes, parmi lesquels figurent nombre d'hommes d'affaires britanniques et russes, supportent eux aussi le coût d'un renflouement.

Chypre n'en veut pas, craignant une ruée aux guichets qui rendrait la situation économique encore pire. Pour son ministre des Finances Michael Sarris, "il ne saurait y avoir d'idée plus stupide", comme il le déclarait la semaine passé à la presse.

Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, prié de dire si les déposants étaient à l'abri, n'a pas répondu directement.

Les modalités du renflouement devront être élaborées par la "troïka" constituée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI), a précisé Jeroen Dijsselbloem.

Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, a dit de son côté que les experts de la troïka retourneraient à Chypre mardi pour poursuivre l'analyse des finances du pays.

"C'est une mission technique, destinée également à bien appréhender la position du gouvernement chypriote", a déclaré Jörg Asmussen.

La décision définitive pour Chypre interviendra sans doute à l'occasion d'une réunion ministérielle extraordinaire dans el courant mars.

Wilfrid Exbrayat pour le service français

par Annika Breidthardt et Jan Strupczewski