Singapour (awp/ats/reu) - La bataille engagée par Pékin contre la pollution a propulsé le cours de métaux industriels, du gaz naturel liquéfié (GNL) et même de l'acier à des plus hauts grâce la demande chinoise pour des énergies fossiles plus propres et pour des matériaux essentiels aux technologies vertes.

Les analystes prédisent une poursuite de cette hausse des prix en 2018, à la faveur aussi de l'accélération de la croissance dans les grandes économies et de l'augmentation attendue des dépenses en infrastructures.

"Je pense que c'est la fin des prix bas sur les matières premières puisque les fonds d'investissement devraient se porter sur cette classe d'actifs en 2018, dans un contexte de forte croissance économique", a déclaré Terry Reilly, analyste sur les matières premières chez Futures International.

Les métaux utilisés dans le secteur des énergies renouvelables, comme le cuivre qui sert dans la fabrication des lignes de transmission et le câblage des panneaux solaires, ont connu une forte demande et vu leur prix s'envoler.

Le même phénomène a également concerné l'aluminium, très utilisé dans les véhicules électriques.

Les cours du cuivre et de l'aluminium ont augmenté de près de 33% cette année pour atteindre en cette fin d'année, un plus haut depuis quatre ans à respectivement 7259 dollars (plus de 7000 francs suisses) et 2270 dollars la tonne.

La valeur du cuivre pourrait continuer d'augmenter de plus de 25% au cours des deux prochaines années pour faire face à la croissance de la demande mondiale, selon les estimations de Pan Pacific Copper, la plus grande fonderie de cuivre du Japon.

En raison de la fermeture pour des raisons environnementales d'usines sidérurgiques chinoises produisant un acier de qualité médiocre, les contrats à terme sur les barres d'armature à la Bourse Shanghai ont grimpé de près de 45% cette année, à plus de 3.815 yuans (489,10 euros) la tonne.

Les prix de l'acier ont aussi été portés par une activité soutenue du secteur de la construction.

LA CHINE À PLEIN GAZ

Le GNL a connu une année en deux temps en partie pour des motifs saisonniers. Baissier en début d'année, son cours n'a quasiment pas cessé de se redresser depuis la fin de l'été.

En Asie, les prix au comptant de GNL ont atteint leur plus haut niveau depuis la fin d'année 2014, soit plus de 11 dollars par million de BTU.

Cette remontée du cours s'appuie sur une importante transition cette année en Chine qui a vu des industries et des millions de ménages passer du charbon au gaz.

Ce plan de gazéification massif de la Chine vise à réduire drastiquement la consommation de charbon afin de tenter de réduire la pollution que subissent les villes chinoises depuis des années.

"Ces mesures sévères de lutte contre la pollution en Chine vont stimuler la demande de métaux et de gaz", a ajouté Terry Reilly.

Dans le cadre de son combat contre la pollution, la Chine investit dans le même temps massivement dans la production d'énergie renouvelable.

La capacité mondiale d'énergie solaire a atteint environ 300 gigawatts (GW) alors qu'elle n'était que de 1 GW en 2000, et elle devrait encore doubler d'ici à 2020, selon des prévisions de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).

Cette croissance est en grande partie tirée par la Chine, qui approche à elle seule les 100 GW de capacité. Selon l'Irena, le pays pourrait y ajouter une capacité de 50 GW par an.

Malgré la dynamique chinoise en faveur des énergies renouvelables, les prix du charbon se sont relativement bien comportés en 2017, mais cela reste aussi lié à la lutte contre la pollution en Chine.

Les prix du charbon australien ont augmenté de 10% à plus de 100 dollars la tonne en raison de la décision de Pékin de fermer plusieurs de ses mines. La Chine a dû en conséquence importer davantage.

Sur le marché du pétrole, la matière première la plus activement échangée au monde, le baril de Brent a franchi en cette fin d'année la barre des 67 dollars pour la première fois depuis la mi-2015. Son cours affiche une hausse de 17% sur l'année tandis que les volumes traités ont bondi de 50%.

Cette hausse du cours du brut est liée aux efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de la Russie pour réduire leur production, afin de soutenir les cours.

La production de pétrole des Etats-Unis a grimpé de plus de 16% depuis la mi-2016 et s'approche de 10 millions de barils par jour, freinant le redressement des cours.

La production américaine est seulement dépassée par celles de l'Arabie saoudite et de la Russie.

RÉCOLTES ABONDANTES

Contrairement à l'énergie et aux produits industriels, la plupart des produits agricoles finiront 2017 avec des prix orientés à la baisse, mis sous pression par une production record.

Le sucre brut a perdu près du quart de sa valeur, avec un excédent mondial de 5 millions de tonnes en 2017/2018, contre un déficit de 3,1 millions en 2016/2017 selon l'Organisation internationale du sucre.

Le café est en baisse de 20% avec des conditions météorologiques favorables qui ont stimulé la production du Vietnam, deuxième producteur mondial derrière le Brésil.

La production mondiale de maïs progresse a atteint un nouveau record la huitième fois en dix ans. Celle de soja a battu des records pour la quatrième fois en cinq ans, selon le ministère de l'agriculture américain (USDA) entraînant une baisse de 5% des cours.

Le blé va réaliser un modeste gain de 5% en 2017, après avoir perdu du terrain ces quatre dernières années, mais l'offre mondiale de blé riche en protéines se resserre en raison du phénomène climatique La Niña, qui occasionne des pertes de récoltes aux Etats-Unis et en Australie.

Le prix de l'huile de palme malaisienne a chuté de 10% en 2017, avec une production qui a dépassé la demande de gros importateurs comme la Chine et l'Europe.

ats/reu/rp