par Jonathan Cable

L'indice flash de l'activité dans le secteur des services de l'Eurozone, établi à partir des réponses de quelque 2.000 entreprises, s'est redressé à 55,5 contre 54,1 en mars, atteignant son meilleur niveau depuis octobre 2007.

L'indice des services, secteur dominant de l'économie des Seize, se situe ainsi pour le huitième mois consécutif au-dessus de la barre de 50 à partir de laquelle il rend compte d'une croissance.

Quatorze économistes interrogés par Reuters l'attendaient en moyenne à 54,3.

Le secteur manufacturier, locomotive de la reprise depuis le troisième trimestre 2009, a de son côté enregistré sa plus forte croissance depuis juin 2006, sous l'impulsion de l'Allemagne.

L'ALLEMAGNE EN POINTE

L'indice PMI flash de l'industrie manufacturière a atteint 57,5 en avril contre 56,6 en mars, dépassant lui aussi le consensus qui était de 56,8.

Sa composante production a bondi à 61,3, au plus haut depuis juin 2000, contre 59,8 en mars. L'enquête montre en outre que les achats du secteur manufacturier ont enregistré leur plus forte progression depuis dix ans, avec un sous-indice à 61,1 contre 58,4 en mars, ce qui est de bon augure pour la production à venir.

"Les indices PMI sont impressionnants. L'enquête dénote une expansion significative et à large base. La France et l'Allemagne continuent d'être les deux locomotives de la reprise dans la zone euro", commente Silvio Peruzzo, économiste chez

RBS.

L'indice composite, qui regroupe industrie et services et fait souvent figure de baromètre pour la croissance du PIB, a du coup progressé à 57,3 contre 55,9, un chiffre sans précédent depuis août 2007 et bien supérieur au consensus (56,1).

"La reprise est plus rapide que ce qu'on pense généralement. Si ces niveaux sont maintenus tout au long du deuxième trimestre, on pourrait avoir une croissance du PIB de l'ordre de 0,6%", analyse Chris Williamson, chef économiste chez Markit.

La zone euro est sortie de récession au troisième trimestre 2009 mais son produit intérieur brut a stagné lors des trois derniers mois de l'année. Les économistes interrogés par Reuters prévoient en moyenne une croissance de 0,3% au premier trimestre 2010 puis de 0,4% au deuxième.

"Les enquêtes PMI semblent avoir surévalué la vigueur de la reprise dernièrement donc il faut considérer ces chiffres avec prudence, mais ils n'en sont pas moins encourageants pour les perspectives de croissance à court terme", indique Ben May chez Capital Economics.

En Allemagne, principale puissance économique de la zone euro, l'indice PMI manufacturier a atteint en avril un pic de 61,3, sans précédent depuis la création de l'enquête en 1996.

Le secteur des services a de son côté enregistré son plus fort taux d'expansion depuis octobre 2007.

L'EMPLOI PRÈS DE SE STABILISER

En France, l'indice PMI manufacturier a atteint son meilleur niveau depuis juillet 2006, à 56,7, tandis que l'indice des services s'est redressé vivement à 57,8 après trois mois de repli.

L'Insee a publié au même moment ses enquêtes mensuelles de conjoncture qui ont confirmé une nette amélioration du climat des affaires en avril.

Dans l'ensemble de la zone euro, les prestataires de services ont affiché un optimisme sans précédent depuis janvier 2006, avec un sous-indice des anticipations qui a atteint 69,4 contre 68,7 en mars.

Mais l'emploi a continué de baisser pour le 22e mois consécutif, quoique le taux de réduction des effectifs soit le plus faible depuis le début de la série en juillet 2008.

"Dans le secteur manufacturier comme dans le secteur des services, les suppressions d'emploi ralentissent et tombent à un niveau proche de la stagnation", observe Markit.

Le sous-indice de l'emploi est ainsi remonté à 49,6, tout près de la barre de 50, contre 48,8 en mars.

"Les entreprises européennes envoient un signal important sur l'emploi", estime Philippe Waechter, chez Natixis Asset Management à Paris. "Progressivement celui-ci va se stabiliser après une longue période de recul, ce qui permettra de rassurer les ménages et de consolider la dynamique de reprise".

Véronique Tison pour la version française, édité par Benoît Van Overstraeten