par Silke Koltrowitz

La marée noire dans le golfe du Mexique et les récents rappels de jouets toxiques ou de voitures défectueuses ont eu pour effet d'inciter les autorités à créer de nouvelles règles, qui ouvrent de juteuses opportunités aux sociétés d'inspection.

Cette évolution pourrait se traduire par deux ou trois points de pourcentage supplémentaires de croissance du chiffre d'affaires dans les tests, l'inspection et la certification (le TIC) pour le secteur d'ici fin 2010, explique Laurent Brunelle, analyste d'Exane BNP Paribas.

Les valorisations relativement élevées des sociétés cotées du secteur soulignent l'optimisme des investisseurs sur leur potentiel. Le groupe suisse SGS, leader du marché, s'échange à 17,7 fois les bénéfices estimé pour 2011, le français Bureau Veritas à 15,8 fois et l'anglais Intertek à 16,6 fois, soit au-dessus de la moyenne de 12,2 de l'indice européen du secteur.

Le cours de l'action SGS a progressé de 17% depuis le début de l'année et ceux d'Intertek et Bureau Veritas ont gagné plus de 30% tandis que l'indice du secteur prenait 13%. Et les analystes estiment ce mouvement haussier va se poursuivre.

En réaction au désastre qui a frappé le golfe du Mexique, une nouvelle loi américaine pouvant contraindre les compagnies pétrolières à travailler avec les sociétés de surveillance sera prochainement à l'ordre du jour du Congrès américain.

"Actuellement, il y a quelques grands acteurs sur le marché du forage de pétrole au large, comme Bureau Veritas qui en détient environ 10%," explique Laurent Brunelle, en précisant que le français serait le grand vainqueur si de petits rivaux n'étaient pas capables de s'aligner sur les exigences d'un marché beaucoup plus régulé.

UN MARCHÉ MORCELÉ

Le marché de l'inspection et des essais est en effet très morcelé et composé pour une bonne part de petites sociétés spécialisées dans des niches aussi diverses que les tests de matières premières, les produits de grande consommation, l'agriculture, l'environnement ou l'automobile, autant de domaines dans lesquels les administrations gouvernementales sont également présentes.

La tendance à l'accroissement de la règlementation, à la mondialisation et donc à la sous-traitance des tests aux spécialistes assure des relais aux trois leaders du marché, dont le chiffre d'affaires combiné a atteint environ 7,8 milliards d'euros en 2009.

"Les domaines affectés par le déversement d'hydrocarbures de BP sont l'inspection et la vérification des plates-formes alors que les sociétés qui devraient en bénéficier sont les sociétés actives dans la classification de bateaux. C'est le cas de Bureau Veritas, d'American Bureau of Shipping, de Det Norske Veritas (DNV) et de Germanischer Lloyd", précise Laurent Brunelle.

SGS est également bien placé pour profiter de lois américaines plus strictes en raison de son savoir-faire dans le test de matières premières.

"SGS est fort dans le pétrole, le gaz et les services à la chimie avec presque un milliard de ventes de francs suisses (en 2009) et il est très actif en Amérique du Nord", explique Jean-Philippe Bertschy, analyste de Vontobel.

Bureau Veritas a récemment renforcé sa position dans les tests de matières premières en rachetant le britannique Inspectorate pour 450 millions de livres alors que la SGS recherche des acquisitions.

"La SGS aimerait entrer dans les services marins", a dit Laurent Brunelle, en ajoutant que Bureau Veritas était le mieux placé pour acheter l'allemand Germanischer Lloyd si celui-ci devenait une cible.

DE NOUVEAUX SEGMENTS CONCERNÉS

Dans les produits de grande consommation, le chiffre d'affaires des sociétés du secteur a progressé l'année dernière après l'adoption aux États-Unis du Consumer Product Safety Improvement Act (CPSIA), en réaction notamment aux rappels par Mattel de jouets produits en Chine qui contenaient de la peinture au plomb et de très petits aimants, susceptibles d'être avalés par des enfants.

"Le CPSIA pourrait être étendue à tous les produits de grande consommation", a expliqué Chris Burger, analyste auprès de Helvea. "Mais c'est une question très politique et le gouvernement ne veut pas accabler les sociétés avec de nouvelles contraintes. Cela pourrait mettre en danger le retour à la croissance."

La nouvelle directive européenne sur la sécurité des jouets, qui entrera en vigueur en juillet 2011, aura un impact positif mais moins significatif sur les essais de produit de grande consommation que le CPSIA, car elle s'appliquera uniquement aux nouveaux jouets.

Par ailleurs, les nouvelles règles européennes qui exigent que les pneus doivent être étiquetés pour l'efficacité du combustible, l'adhérence au sol mouillé et le bruit seront effectives à partir du mois de novembre de 2012. Elles pourraient obliger les sociétés de certification à renforcer leurs unités d'automobile.

Version française Robin Bleeker, édité par Pascal Schmuck et Marc Angrand