"De quelle manière appréhendez-vous la prochaine convention Patrimonia qui doit se tenir les 30 septembre et 1er octrobre prochains ?
J'appréhende cette convention avec sérénité. Nous avons enregistré 25 partenaires exposants de plus que l'année dernière. Les inscriptions ont crû de d'un peu plus de 20%. Ce sont là des signes encourageants.

L'intérêt grandissant pour Patrimonia se justifie par un besoin évident des professionnels du patrimoine de trouver des solutions, des informations dans un contexte flou, changeant.

Nous ne sommes toujours pas sortis de la crise financière. Nous observons par ailleurs un foisonnement des réformes sur la fiscalité, les retraites qui ne sont pas sans impacts sur les stratégies menées par les professionnels par rapport à leurs clients. Des adaptations, des transformations s'imposent.

Selon vous ne nous ne sommes toujours pas sortis de la crise…
Nous subissons encore incontestablement les répercussions des subprimes, de la déroute de Lehman Brothers… Nous manquons cruellement de croissance en Europe et aux Etats-Unis.
La crise économique conduit à un sentiment d'incertitude qui se traduit par une baisse de la consommation et par un taux d'épargne en progression avec une rentabilité très faible. Les rendements qu'offrent le livret A ou encore le PEL sont insignifiants.
Tant que nous n'aurons pas retrouvé une meilleure croissance et résorbé le chômage massif auquel nous sommes confrontés, les interrogations sur l'avenir demeureront.
Ceci étant je suis confiant, l'expansion économique des pays d'Asie et des pays émergents, avec une Chine qui affiche un taux de croissance à deux chiffres et une classe moyenne plus riche que dans certains pays européens, constitue un ingrédient qui nous donne l'espoir d'une reprise durable.

La convention Patrimonia prévoit quatre conférences plénières. L'une d'entre elles s'intitule «Les conséquences de la crise financière sur la fiscalité de l'épargne. Le cas particulier de l'assurance-vie ». Cela s'inscrit directement dans l'actualité…

Les quatre conférences plénières ont été définies il y a de cela plus de 9 mois afin de trouver les bons intervenants. C'est en fait en raison d'une norme fixée dans le cadre de Solvency II que devront mettre en place les compagnies d'assurance en 2012 que nous avons opté pour cette thématique.
Nous ne pensions pas à l'époque que nous aurions une réforme plus profonde sur le sujet. Nous n'avions pas anticipé que le gouvernement souhaiterait inclure l'assurance-vie dans le coup de rabot fiscal.

Je tiens à signaler ce faisant que l'assurance vie n'est pas une niche fiscale. Cela n'est pas un produit qui a été créé pour répondre à un besoin immédiat et à court terme. Nous ne pouvons pas comparer cela par exemple à l'investissement dans les entreprises non cotées envisagées dans la loi Tepa qui constitue une niche fiscale pour les personnes assujettis à l'ISF.

Pensez-vous que des mesures supplémentaires seront adoptées ?
La réforme a été entamée de manière douce, et elle devrait se poursuivre dans le temps. Peut être que certains secteurs dans l'assurance vie seront privilégiés. Je pense à la partie épargne de précaution pour la retraite.

Il va falloir que les autorités politiques arbitrent subtilement entre l'intérêt pour le secteur de l'assurance largement contributeur à l'achat de la dette de l'Etat et l'intérêt de combler un déficit abyssal.

Je pense que la réforme du gouvernement a pour sous-jacent une normalisation européenne sur la fiscalité.

Ne craignez-vous pas un moindre engouement des français pour ce produit ?

Je n'ai pas d'inquiétude sur l'attractivité du produit. Les mesures prises par le gouvernement ne changeront rien, s'il n'existe pas de solution alternative.

Actuellement, en termes de performance, les contrats d'assurance vie offrent la meilleure rentabilité par rapport à tous les autres véhicules d'investissement existants. Le monétaire ne rapporte rien, les obligations d'Etat ne génèrent pas grand-chose, la bourse ne cesse de fluctuer.
La fiscalité de l'assurance vie reste intéressante dans une optique de détention à long terme.

Ce n'est que si un nouveau système d'épargne est mis en place avec un attrait fiscal meilleure et une rentabilité plus forte, que l'assurance vie risque d'être mis en danger.

Quel regard portez-vous sur la politique menée actuellement par le gouvernement vis-à-vis de la fiscalité de l'épargne en vue d'assainir ses finances publiques ?
Je n'ai pas de critique particulière à formuler. Je laisserai nos hommes politiques et nos gouvernants mener la barque dans le sens où ils veulent la mener.
Ceci étant nous sommes arrivés à une situation catastrophique telle que nous n'avons pas le choix : soit nous trouvons des solutions sur les niches fiscales existantes en les rabotant plus ou moins en fonction du degré de la niche et de son intérêt au niveau économique, soit on augmente les impôts et taxes.

Personne n'est d'accord pour payer plus de taxe ou d'impôt. Donc il faut puiser dans les niches fiscales.

En tachant cependant à ne pas faire d'amalgame et en veillant à être cohérent et sélectif.

Si on considère la niche fiscale qui permet d'engager une femme de ménage. La supprimer serait une grande erreur car elle pourrait supposer également de manière consécutive la suppression d'un emploi.
La niche fiscale en relation avec le financement des sociétés non cotées dans la loi Tepa pourrait paraître injuste car ne profite qu'aux plus fortunés. Mais le milliard qui en a découlé et qui a été collecté avant le 15 juin a été investi dans les entreprises.
Cela a permis à des PME de se développer si ce n'est de survivre. Les banques n'auraient pas été en mesure de couvrir ce financement.

Enfin un dernier exemple sera pris avec l'abattement fiscal dont bénéficient les  journalistes bénéficient pour couvrir leurs frais. Nous ne pouvons pas considérer cet abattement comme une niche fiscale. C'est un avantage lié à une pénibilité de la profession. C'est donc un avantage justifié.

Propos recueillis par Imen Hazgui"