par Randy Fabi

DJAKARTA, 22 juin (Reuters) - A l'approche de l'élection présidentielle indonésienne, calomnie et dénigrement sont de mise entre les partisans des deux candidats, le gouverneur de Djakarta, Joko "Jokowi" Widodo et l'ex-général Prabowo Subianto.

Ce mois-ci, l'équipe de campagne de Jokowi a demandé à la police d'arrêter l'éditeur d'un tabloïd peu connu pour avoir faussement écrit que le gouverneur de la ville javanaise, musulman, était un Chinois de religion chrétienne.

Une enquête est en cours, a fait savoir un porte-parole de la police. Le journal, Obor Rakyat, est disponible dans les pensionnats musulmans et dans les mosquées de Java.

Les attaques contre Jokowi portent principalement sur son origine ethnique et sa religion, sujets importants dans le premier pays musulman au monde, où 95% de la population est d'origine indonésienne.

Selon certains sondages, l'avance de Jokowi sur Prabowo, autrefois très importante, est désormais inférieure à 10 points de pourcentage, un déclin rapide que les instituts de sondage attribuent à une campagne de calomnie contre le favori du scrutin du 9 juillet.

"Les gens dans les zones rurales et les gens d'éducation et de revenu moyen à faible ont tendance à croire cette triste campagne. C'est pourquoi les chances d'être élu de Jokowi sont en train de décroître de façon importante", déclare Burhanuddin Muhtadi, directeur exécutif de l'institut de sondage Indonesian Political Indicator.

Le parti de Jokowi, le Parti démocratique indonésien de la lutte, a récemment publié une photo sur les réseaux sociaux, montrant le candidat avec des pèlerins du Haj en 2003, preuve, a dit le parti, que le candidat est bien musulman.

LA POLITESSE MÊME

Parallèlement, certains des partisans de Jokowi ont durci leur campagne d'accusations contre Prabowo.

Wimar Witoelar, partisan de Jokowi et ancien porte-parole de l'ex-président Abdurrahman Wahid, a dû s'excuser la semaine dernière pour avoir diffusé sur ses comptes Twitter et Facebook une photo de l'équipe de Prabowo aux côtés d'Oussama ben Laden, rapporte le Djakarta Post.

Les attaques contre Prabowo portent aussi sur sa santé mentale et sur son origine. Certains disent qu'il est Jordanien.

La majorité des accusations contre Prabowo portent sur son bilan en matière de droits de l'homme quand il était général, notamment lors des troubles qui ont fait tomber son ex-beau-père le président Suharto en 1998.

Wiranto, ex-supérieur militaire de Prabowo et actuellement chef d'un petit parti qui soutient Jokowi, a publié les conclusions d'une commission militaire selon lesquelles l'ex-général a délibérément interprété les ordres de façon erronée et a dit à des soldats qui n'étaient pas sous son commandement d'arrêter des militants politiques.

Toutefois, quand ils se rencontrent, les deux candidats sont la politesse même. Lors de deux débats télévisés, ils se sont serré la main et ont laissé le soin à leurs coéquipiers candidats à la vice-présidence le soin de lancer les attaques mutuelles.

Selon Burhanuddin Muhtadi, de l'institut de sondages, les attaques contre Prabowo sur les droits de l'homme ne portent pas autant que la campagne de dénigrement contre Jokowi parce que le passé de l'ancien général est déjà largement connu.

"Les questions sur Prabowo et les droits de l'homme n'influent pas vraiment sur le comportement des électeurs en comparaison de la campagne de dénigrement contre Jokowi", estime Muhtadi. "C'est pourquoi il est difficile de prédire qui remportera la prochaine élection". (Danielle Rouquié pour le service français)