Le président Macky Sall a annoncé samedi que le scrutin serait reporté à une date non précisée en raison d'un différend sur la liste des candidats, une décision que certains groupes de l'opposition et de la société civile ont dénoncée comme un "coup d'État institutionnel".

Dans un premier temps, des groupes de manifestants ont bloqué la circulation à plusieurs endroits le long d'une artère principale de Dakar en érigeant des barricades de fortune à l'aide de pneus enflammés, signe d'une levée de boucliers contre le report.

Dans un secteur, environ 200 personnes se sont retirées dans des rues secondaires après que des policiers en tenue anti-émeute ont tiré des gaz lacrymogènes et commencé à arrêter des manifestants.

Au moins deux candidats de l'opposition à la présidence ont été entraînés dans la mêlée. Dans un message en ligne, le candidat Daouda Ndiaye a déclaré avoir été attaqué par la police, et la directrice de campagne d'Anta Babacar Ngom a déclaré à Reuters qu'elle avait été arrêtée par les forces de sécurité.

L'ancienne première ministre Aminata Touré a également déclaré qu'elle avait été arrêtée et emmenée au poste de police de Dakar dès qu'elle était descendue de son véhicule.

"La carte de sortie du président Macky est désormais marquée du sceau de cette régression démocratique sans précédent", a posté Aminata Touré samedi en réponse au report de l'élection.

La police n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

D'autres manifestations sont prévues devant le parlement lundi.

Le Sénégal n'a jamais reporté un scrutin présidentiel et l'incertitude quant à la suite des événements menace d'alimenter de nouveaux troubles, à l'instar des manifestations meurtrières de ces dernières années qui ont terni sa réputation de démocratie parmi les plus stables d'Afrique de l'Ouest.

Après l'annonce télévisée de M. Sall, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s'est inquiétée des circonstances qui ont conduit au report et a demandé qu'une nouvelle date d'élection soit fixée rapidement.

Le ministère français des Affaires étrangères a également demandé dimanche aux autorités "de lever les incertitudes qui pèsent sur le calendrier électoral, afin que les élections puissent se tenir dans les meilleurs délais et dans le respect des règles de la démocratie sénégalaise".