(Actualisé avec citations du gouverneur)

par Humeyra Pamuk et Ece Toksabay

ISTANBUL, 6 juillet (Reuters) - La police turque a tiré des grenades lacrymogènes et utilisé des canons à eau pour disperser des centaines de manifestants qui voulaient pénétrer samedi dans le parc Gezi d'Istanbul, adjacent à la place Taksim, épicentre des manifestations du mois dernier.

Plate-forme Solidarité Taksim, l'un des principaux groupes à l'origine du mouvement de contestation contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avait appelé à un rassemblement dans le parc, fermé au public depuis les troubles.

Le gouverneur d'Istanbul, Huseyin Avni Mutlu, avait mis en garde contre toute manifestation, indiquant que la police interviendrait. Il a souligné par ailleurs que les autorités municipales n'avaient pas autorisé ce rassemblement.

"Notre constitution autorise (certes) les manifestations sans notification préalable, mais la loi stipule que la demande d'autorisation doit obligatoirement être faite aux autorités", a déclaré Mutlu, qui annonce sur son compte Twitter la réouverture du parc dimanche.

"La police anti-émeutes est sur la place, elle tire des grenades lacrymogènes et utilise des canons à eau. Des gens se joignent aux manifestants", ont rapporté des témoins.

"Nous sommes ici aujourd'hui pour demander la restitution de notre parc. Il était censé rouvrir ce soir. Ils (ndlr: les autorités) nous ont qualifiés d'occupants, mais le parc est occupé par l'Etat depuis maintenant des semaines", a déclaré Asim Elci, un concepteur de logiciel âgé de 41 ans.

Les manifestants ont scandé "Ensemble contre le fascisme" et "La résistance est partout".

La chaîne de télévision Halk a diffusé des images de manifestants agitant devant les cordons de policiers des copies de la décision de justice annulant le projet de construction sur Taksim d'une réplique d'une caserne de l'ère ottomane, projet que défendait le gouvernement et qui avait mis le feu aux poudres.

Les affrontements du mois dernier ont fait quatre morts et 7.500 blessés à travers le pays. Ils s'étaient achevés avec l'intervention de la police, le 15 juin, à coups de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants.

Selon des témoins, une poignée de manifestants ont été arrêtés par la police samedi, tandis que la majorité était encore dans des rues autour de la place Taksim à 18H00 GMT, dont des jeunes et des femmes, certains portant des masques à gaz.

(Avec Daren Butler; Pascal Liétout, Guy Kerivel et Hélène Duvigneau pour le service français)